Cardiologie
Insuffisance cardiaque : se priver d’un IEC ou d’un ARA2 est délétère
Au cours d’une hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque, l'absence de traitement par inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) ou par antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) est associée à une moindre survie.
- Epictura/Kwanchaidp
L’arrêt ou la non-initiation d’un traitement par inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) ou d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) au cours d’une hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque est associée à des taux de mortalité ou de ré-hospitalisation plus élevés dans les jours et l’année suivants. Ce sont les conclusions d’une étude parue dans le Journal of the American Heart Association.
Une analyse de cohorte
Les chercheurs ont analysé les données de 16 052 patients hospitalisés pour une hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection ventriculaire gauche réduite, éligible à un traitement par IEC/ARA2.
Parmi ces malades, 90,5% sont sortis de l’hôpital avec un IEC/ARA2 (59,6% le prenaient déjà avant et 30,9% ont bénéficié d’une initiation de ce traitement durant l’hospitalisation). Parmi les malades qui sont sorti sans IEC/ARA2, 1,9% ont arrêté le traitement au cours de l’hospitalisation et 7,5% n’ont pas initié ce traitement alors qu’ils y étaient éligibles.
Augmentation de la mortalité
La mortalité à 30 jours est de 3,5% des patients qui ont poursuivi leur traitement IEC/ARA2, de 4,4% pour ceux qui l’ont initié pendant l’hospitalisation, de 8,8% pour ceux qui l’ont arrêté et de 7,5% pour ceux qui ne l’ont pas initié alors qu’ils étaient éligibles.
Par rapport aux malades qui ont continué le traitement (groupe de référence), le risque ajusté de décès à 30 jours est augmenté de 92% chez les malades qui ont arrêté leur traitement IEC/ARA2 et de 50% chez ceux qui ne l’ont pas initié.
Le taux de ré-hospitalisation à 30 jours est lui de 18,3% et 19,1% respectivement, chez les malades qui ont poursuivi ou initié le traitement au cours de l’hospitalisation, et de 28,6% et 23,3% respectivement chez ceux ayant arrêté ou n’ayant pas initié le traitement IEC/ARA2.
La mortalité à 1 an est également significativement plus élevée parmi les patients ayant arrêté (+35%) ou n’ayant pas initié le traitement (+28%), par rapport au groupe de référence
En pratique
Dans cette étude sur 16 052 patients avec réduction de la fraction d’éjection systolique et admis pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque, l'arrêt d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) à la sortie de l'hôpital est associé à une mortalité plus élevée à 30 jours, à 90 jours et à 1 an par rapport à la poursuite du traitement.
La poursuite ou l'initiation d’un IEC/ARA2 est associée à une réduction des taux de réadmission à 30 et 90 jours. Les patients qui ont arrêté l’IEC ou l’ARA2 pendant l'hospitalisation ont les taux de mortalité et de réadmission les plus élevés.
La poursuite des bêta bloquants après une hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque réduit les taux de ré-hospitalisations et de mortalité. L’effet de la poursuite ou de l’initiation des IEC/ARA2 après hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque était bien moins étudiée.
Cette étude confirme les travaux antérieurs sur le traitement médical des patients insuffisants cardiaques. Des données antérieures sur le risque d'athérosclérose ont révélé que l'interruption du traitement médical survient chez environ 12% des patients hospitalisés et que la cessation du traitement médical est associée à des taux de mortalité plus élevés.
Ce travail est également compatible avec les travaux antérieurs analysant la continuation versus le retrait du traitement β-bloquant. Les données de l'étude OPTIMIZE-HF ont montré un bénéfice significatif (HR 0,60, IC 95% 0,37, 0,99) pour la mortalité toutes causes confondues à 60-90 jours associée à la poursuite des β-bloquants au moment de la sortie chez les patients qui ont une fraction d’éjection systolique altérée.
Cette étude confirme et prolonge les travaux sur plus de 17 000 patients inscrits au National Health Care Project qui ont révélé qu'une prescription de d’IEC ou d’ARA2 est associée à une réduction relative de 17% de la mortalité (RR 0,83, IC 95% 0,79, 0,88). Une analyse des bénéficiaires de l'assurance-maladie en Alabama avait constaté des taux de réadmission et de mortalité inférieurs de 30 jours et de 1 an chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui avaient été mis sous IEC ou ARA2.











