Onco-Sein
Cancer du sein : premiers résultats décevants de l'essai SACI-IO
Les premiers résultats de l’étude de phase II randomisée testant l’ajout du Pembrolizumab au Sacituzumab Govitecan des cancers du sein RH+/HER2- métastatiques peu traités au préalable, ne démontre pas de bénéfice en survie sans progression, quel que soit le niveau d’expression PDL1.
- Rasi Bhadramani/iStock
Le Sacituzumab Govitecan, anticorps anti-TROP2 couplé à une chimiothérapie, le SN 38, principe actif de l’irinotecan et inhibiteur de la Topoisomérase 1, a démontré son efficacité, bien que numériquement modérée, en survie sans progression mais, non négligeable, également en survie globale, chez des patientes RH+, HER2- lourdement pré-traitées, en faisant une molécule clé de l’arsenal thérapeutique à disposition (essai TROPICS-02).
L’essai SACI-IO s’intéresse à la même histologie de cancer du sein, mais à un stade de prise en charge moins avancé, tentant de positionner la molécule plus précocement avec le questionnement de l’ajout d’une immunothérapie, basée sur le rationnel d’une synergie possible entre les deux molécules par up-régulation du CMH de classe I, et potentialisation de l’action des lymphocytes T cytotoxiques.
Entre 0 et 1 ligne de chimiothérapie préalable
Présentée à l’ASCO 2024 l’étude SACI-IO HR+ retrouve une médiane de survie sans progression relativement comparable (8,4 mois vs 6,2 mois) à l’adjonction de Pembrolizumab au Sacituzumab Govitecan pour des cancers du sein RH+/HER2- métastatiques.
En pratique, entre mars 2021 et janvier 2024, 110 patientes présentant un cancer du sein RH+ (RE ≥ 1 % et/ou RP ≥ 1 %) métastatique ou localement avancé non résécable, HER2- (score 0, 1+, 2+ ISH-), déjà prétraité par au moins une ligne d’hormonothérapie au stade métastatique, ou ayant progressé pendant ou dans les 12 mois de l’hormonothérapie adjuvante, et pas plus d’une ligne de chimiothérapie préalable au stade avancé, ont été randomisées selon un schéma 1:1 pour recevoir : (n = 52) une association Pembrolizumab (200 mg/3 semaines) Sacituzumab Govitecan (10 mg/kg J1-J8-J21) vs (n = 52) du Sacituzumab govitecan seul. La présence de métastases cérébrales traitées était possible. Un traitement antérieur par Irinotecan, anti-PDL1 ou anticorps anti drogues conjugués anti Topoisomérase 1 était exclu. Le critère de jugement principal était la survie sans progression en intention de traiter, les critères secondaires, la survie sans progression chez les PDL1+ (CPS ≥ 1), la survie globale, le taux de réponse objective et la tolérance.
55,8 % naïves de chimiothérapie, 39 % PDL1+
Dans la population, on note un âge médian de 57 ans, 76,9 % déjà pré-traitées par inhibiteurs de CDK4/6, et 55,8 % n’ayant jamais reçu de chimiothérapie au stade avancé. Après un suivi médian 12,5 mois, l’étude ne démontre pas de bénéfice à l’ajout du Pembrolizumab avec une médiane de survie sans progression de 8,4 mois dans le bras Pembrolizumab Sacituzumab Govitecan vs 6,2 mois dans le bras Sacituzumab Govitecan seul (HR 0,81, IC65 % 0,51-1,28, p = 0,37).
Dans la population des patientes PDL1+, soit 39 % des patientes, les résultats sont similaires, bien que légèrement plus marqués, avec une médiane de survie sans progression respectivement de 11,1 mois vs 6,7 mois (HR 0,62, p = 0,23). Les données de survie globale sont immatures, avec la survenue de 26 événements. La médiane de survie globale en intention de traiter est de 18,5 mois dans le bras Pembrolizumab vs 18 mois dans le bras Placebo, et pour la population des PDL1+ respectivement de 18,5 mois vs 12,5 mois, soit une tendance un peu plus nette. Les taux de réponse objective étaient de 21,2 % avec l’association et 17,3 % en monothérapie. Concernant la tolérance, aucun nouveau signal de toxicité n’est apparu avec la combinaison, restant sur des effets secondaires habituels pour cette classe thérapeutique.
Ces premiers résultats ne permettent pas à l’heure actuelle de retenir un intérêt de cette association, même si l’écart se creuse légèrement plus chez les patientes PDL1+.











