Endocrinologie
Vieillissement et testostérone : supplémentation à risque
De nouvelles études précisent les effets secondaires de la supplémentation en testostérone en cas d’insuffisance hormonale relative.
- monkeybusiness/epictura
JAMA et JAMA Internal Medicine publient les résultats de 5 études : 4 sur le bénéfice de la supplémentation en testostérone sur la densité osseuse, l'anémie, les fonctions cognitives et le risque d’athérosclérose coronaire et une cinquième, observationnelle, qui analyse les liens entre la substitution en testostérone et le risque cardiovasculaire.
Sept essais cliniques ont été menés en partenariat avec l'Institut national US sur le vieillissement. The Testostérone Trials (TTrials) ont testé le bénéfice de la supplémentation en testostérone sur les hommes âgés de 65 ans et plus qui avaient des taux abaissés en testostérone.
Les résultats des trois premiers essais avaient montré une amélioration de la fonction sexuelle et de l'humeur et avaient été publiés en 2016. Les études JAMA récemment publiées concluent la recherche.
Une série d’études sur la supplémentation en testostérone
Les TTrials ont sélectionné 790 hommes dont les niveaux de testostérone liés à l'âge étaient suffisamment bas pour être admissibles aux études. Ils ont ensuite été randomisés en deux groupes : un groupe a pris une dose quotidienne de testostérone sous forme de gel pendant un an, tandis que l'autre groupe a pris un placebo pendant la même période de temps. Le dosage de la supplémentation en testostérone a été ajusté pour atteindre des normaux habituellement trouvés chez les hommes jeunes. Les essais étaient randomisés en double insu.
La tomodensitométrie osseuse a été utilisée pour évaluer la densité minérale osseuse à la colonne vertébrale et à la hanche à l’inclusion et un an plus tard. Pour tester la cognition, un test de rappel différé a été réalisé. La mémoire visuelle, la fonction exécutive et la capacité spatiale ont été également évaluées. Le volume des plaques dans l’artère coronaire a été déterminé par angiographie coronarienne. L’analyse du risque cardiovasculaire est basée sur les modèles proportionnels de Cox pour étudier les associations entre la supplémentation en testostérone et un infarctus du myocarde, une angine, un AVC, un accident ischémique transitoire et une mort subite d’origine cardiaque.
Des bénéfices mais un risque cardiovasculaire majoré
La supplémentation en testostérone améliore la densité minérale osseuse, ainsi que la résistance osseuse estimée, bien qu'un essai à plus grande échelle et plus long soit nécessaire pour évaluer si la supplémentation abaisse également le risque de fractures.
Le traitement améliore également les taux d'hémoglobine chez les participants qui avaient une anémie, que ses causes soient connues ou non. L'essai rapporté une augmentation des niveaux d'hémoglobine presque 40 pour cent plus forte chez les participants qui avaient pris la testostérone par rapport au groupe de placebo.
La testostérone corrige à la fois l'anémie de cause inconnue, ainsi que l'anémie induite par une carence en fer. Cependant, la testostérone ne semble pas apporter de bénéfice sur la mémoire ou tout autre aspect du fonctionnement cognitif.
Enfin, l’étude observationnelle sur le risque cardiovasculaire montre qu’il y a plus de plaques d’athérosclérose coronaire et des plaques de plus grande taille chez les hommes traités par la testostérone que chez ceux sous placebo.
En pratique
L’insuffisance en testostérone liée au vieillissement est un concept très débattu et très relatif.
La première chose est de l’apprécier en fonction des nouveaux chiffres de normalité de la testostéronémie.
La deuxième chose est de ne supplémenter que les hommes qui ont des chiffres inférieurs à ces nouveaux chiffres et qui ont des troubles.
La troisième chose est d’être bien conscient du risque probablement majoré de plaque coronaires qui est associé à cette supplémentation, même en ayant pour objectif les taux de testostéronémie des sujets jeunes, même si en parallèle, l’étude observationnelle révèle que le risque d'événements cardiovasculaires est plus faible dans le groupe traité par la testostérone, par rapport au groupe témoin, sur une période médiane de suivi de 3,4 ans.
Cependant, le traitement de 788 hommes pendant 1 an est beaucoup trop peu et trop court pour tirer des conclusions pertinentes sur la signification clinique de l'augmentation du volume des plaques coronaires et le risque cardiovasculaire de la supplémentation en testostérone
Dans ce cadre, il faut relativiser l’intérêt sur la densité minérale osseuse : le bénéfice est modeste et il n’est pas démontré qu’il réduit le risque de fracture osseuse.
Il reste donc un bénéfice démontré sur la fonction sexuelle et sur l’anémie de cette supplémentation en testostérone au prix d’un possible risque cardiovasculaire qui ne semble pas si majoré qu’auparavant. Il ne sera possible de trancher qu’avec les résultats d'un essai beaucoup plus long pour évaluer le risque cardiovasculaire et prostatique.
Association of Testosterone Levels With Anemia in Older MenA Controlled Clinical Trial
Testosterone Treatment and Coronary Artery Plaque Volume in Older Men With Low Testosterone











