Psychiatrie
Schizophrénie : une molécule prometteuse contre les symptômes négatifs
Un antipsychotique de nouvelle génération, à forte polarité D3, semble pour la première fois démontrer un effet favorable sur les symptômes déficitaires de la schizophrénie.
- lucianmilasan/epictura
La cariprazine, un antipsychotique de nouvelle génération qui antagonise D2 et D3, a été évaluée versus rispéridone et placebo dans une étude de phase 3b chez 461 schizophrènes adultes présentant des symptômes négatifs prédominants parue dans le Lancet.
La cariprazine est associée à une amélioration significative des scores PANSS-FSNS (symptômes négatifs) entre l'inclusion et la semaine 26 comparativement à la rispéridone (-8·90 points pour la cariprazine vs -7·44 points pour la rispéridone; IC 95% -2·39 à - 0·53; p = 0·0022; effet-taille 0,31). Parallèlement, il y avait un bon contrôle des symptômes positifs.
Une analyse soigneuse de la tolérance
Entre 2013 et 2014, 533 patients ont été présélectionnés et 461 (86%) patients ont été randomisés entre les 2 traitements (230 pour la cariprazine et 231 pour la rispéridone) ; 460 ont été inclus dans la l'analyse de tolérance (un patient est sorti de l'étude avant la première prise de tout médicament). 227 (99%) des 230 patients du groupe cariprazine et 229 (99%) des 230 patients du groupe rispéridone ont été inclus dans l'analyse en intention de traiter après modification (178 [77%] dans chaque groupe ont complété les 26 semaines de l'étude).
Les doses quotidiennes moyennes étaient de 4,2 mg (SD 0,6) pour la cariprazine et de 3,8 mg (0,4) pour la rispéridone. Des effets indésirables liés au traitement (insomnie, acathisie, aggravation de la schizophrénie, céphalées, anxiété) ont été signalés chez 123 patients (54%) traités par la cariprazine et 131 patients (57%) traités par la rispéridone. Un patient du groupe rispéridone est décédé d'une cause considérée comme non liée au traitement.
Une large étude phase 3b
Ils s’agit d’un essai randomisé en double aveugle de phase 3b, qui a inclus des adultes âgés de 18 à 65 ans souffrant d’une schizophrénie stable sur le long terme (> 2 ans) avec des symptômes négatifs prédominants (> 6 mois). Elle a été réalisée dans 66 centres (principalement hôpitaux généraux et universitaires, avec un petit nombre de cabinets privés) dans 11 pays européens.
Les patients ont été randomisés (1: 1) avec un système informatique centralisé à 26 semaines de monothérapie entre une dose orale fixe de cariprazine (3 mg, 4,5 mg [dose cible] ou 6 mg par jour) ou risperidone (3 mg, 4 mg [dose cible] ou 6 mg par jour). Le traitement antérieur a été interrompu pendant 2 semaines. Le critère d'évaluation principal était le changement des symptômes négatifs à la semaine 26 ou à la fin du traitement par rapport à l’inclusion. Ces symptômes négatifs ont été évalués sur une échelle validée, la Positive and Negative Syndrome Scale factor score for negative symptoms (PANSS-FSNS) avec une analyse en intention de traiter chez les patients qui ont eu une évaluation dans les 5 jours après la dernière prise des médicaments de l'étude. La tolérance a été évaluée chez tous les patients qui ont reçu au moins une dose du médicament de l'étude
En pratique
Il s’agit de la première étude à démontrer une efficacité réelle d’un médicament dans le traitement des symptômes négatifs de la schizophrénie : retrait, manque d’émotion, apathie. En plus de l’amélioration des symptômes négatifs, la cariprazine est associée dans cette étude à un meilleur fonctionnement social et personnel.
Bien que les schizophrénies avec symptômes négatifs puissent causer un véritable handicap, les options de traitement efficaces manquaient, à la différence des symptômes positifs (hallucinations) qui sont bien traités par les antipsychotiques classiques.
La cariprazine est un antipsychotique de nouvelle génération qui semble à même de contrôler à la fois les symptômes positifs et les symptômes négatifs, or le contrôle de ces derniers est essentiel dans la perspective d’une bonne récupération et d’une bonne réinsertion sociale.
La particularité de la cariprazine est d’agir sur les récepteurs dopaminergiques D2 et surtout D3, ce qui laisse penser que l’implication des récepteurs D3 serait importante dans les symptômes négatifs de la schizophrénie.











