Onco-Sein

Cancer du sein : résultats de l’étude TROPION

Les résultats publiés de l’étude TROPION pan tumeurs 01, démontrent des taux de réponse objective et de survie sans progression très intéressants pour des cancers du sein métastatiques, multi traités, que ce soit de type triple négatif, ou RH+/HER2-.

  • Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
  • 17 Juin 2024
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    A l’instar des anticorps drogue conjugués déjà sur le marché, le Datopotamab Deruxtecan a été développé afin de combiner un anticorps monoclonal humanisé anti TROP2 et un dérivé de l’Exatécan, une charge inhibitrice de la Topoisomérase 1. Cette liaison ce faisant via un tétrapeptide et cela dans le but de concentrer, au sein d’une même molécule, une haute activité antitumorale, un effet bystander, un ratio chimio/anticorps fort, une spécificité d’action via une liaison stable mais clivable sélectivement, et une demi vie courte.

    Le rationnel de développement est en parti basé sur la forte expression, avec un pronostic défavorable de l’antigène TROP2 dans les cancers du sein RH+/HER2- et triple négatif.

    Des patientes multi traitées, potentiellement par anticorps drogue conjugué

    Publiée récemment dans le JCO par A Bardia, la cohorte sein de l’étude TROPION 01 retrouve des taux de réponse objective de 26,8 % pour des cancers du sein RH+/HER2- et de 31,8 % pour des cancers du sein triple négatifs, du Datopotamab Deruxtecan, malgré de nombreuses lignes de traitements antérieures.

    En pratique, entre Juin 2020 et Octobre 2021, 85 patientes présentant un cancer du sein métastatique et/ou localement avancé, inopérable, déjà prétraitées par les traitements standards, ont été incluses : 41 présentaient une tumeur RH+/HER2- et 44 un cancer triple négatif. Les patientes ont été traitées par le Datopotamab Deruxtecan en IV à la dose de 6 mg/kg, toutes les 3 semaines, pour 83 d’entre elles, et 8 mg/kg pour les 2 autres. Les patientes présentaient un âge médian de 57 ans pour les cancers RH+/HER2- et de 52,5 ans pour les triples négatifs, une médiane de traitements antérieurs en phase métastatiques de respectivement 5 et 3, et très peu présentaient une mutation BRCA (n = 3 et n = 4).

    Toutes les patientes RH+/HER2- n’avaient jamais été pré-traitées par un anticorps drogue conjugué à base d’inhibiteur de Topoisomérase 1, comparativement à 11 patientes triple négatives déjà pré traitées par Sacituzumab Govitecan, 2 par Trastuzumab Deruxtecan et 1 par Patritumab Deruxtecan. Le critère de jugement principal était la tolérance, les critères secondaires l’activité anti tumorale par le taux de réponse objective, la durée de réponse, le bénéfice clinique, la survie sans progression et survie globale.

    Une médiane de survie sans progression de 8,3 et 4,4 mois

    La durée médiane de suivi était de 13,7 mois pour les cancers RH+/HER2- et de 19,3 mois pour les cancers triple négatifs. Le taux de réponse objective était respectivement de 26,8 % pour les patientes RH+/HER2- et de 31,8 % pour les patientes triple négatives. Dans cette population, ce taux était de 40 % pour les patientes naïves d’inhibiteur de Topoisomérase 1 préalable.

    La durée médiane de réponse était non atteinte dans le groupe RH+/HER2- et de 16,8 mois dans le groupe triple négatif, avec un taux de contrôle de la maladie de 85,4 % et 79,5 % respectivement et un bénéfice clinique de 43,9 % et 38,6 % respectivement. La médiane de survie sans progression était de 8.3 mois pour les tumeurs RH+/HER2- et de 4,4 mois pour les tumeurs triples négatives. La médiane de survie globale était non atteinte pour les patientes RH+/HER2-, de 13,5 mois pour les triples négatives. Concernant les patientes triple négatives jamais pré traitées par ADC la médiane de survie sans progression était de 7,3 mois et de survie globale de 14,3 mois.

    Concernant la tolérance, 41,5 % des malades RH+/HER2- et 52,3 % des malades triple négatives ont présenté des effets secondaires de grade ≥ 3 : les plus fréquents étant la mucite (9,8 % - 11,4 %), les toxicités hématologiques et l’asthénie. Le traitement a été arrêté pour toxicité chez 12,2 % et 2,3 % des patientes respectivement.

    Au vu des résultats dans cette population déjà bien pré traitées, on est impatient d’en savoir plus avec les études de phase III en cours.

     

     

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