Rhumatologie
Chikungunya : cibler les lymphocytes T pathogènes pour contrôler les arthrites
Deux études évaluent l’intérêt du ciblage des lymphocytes T CD4 + pathogènes pour prévenir les symptômes de l'arthrite dans un modèle souris de l'infection à Chikungunya.
- jscreationzs/epictura
Le virus Chikungunya est transmis par des moustiques et provoque une fièvre et des douleurs articulaires. Sans option thérapeutique efficace actuellement, certains patients souffrent d'arthrite pendant des années. Deux études sur la souris, et parues dans Science Translationnal Medicine, valident l’intérêt potentiel de 2 traitements disponibles dans d’autres indications pour soulager les arthrites à Chikungunya.
Intérêt du fingolimod sur les arthrites à Chikungunya
Teo et coll. démontrent que, bien que les médicaments ciblant la voie de l'interleukine-2 soient inefficaces, le traitement par fingolimod, un agoniste du récepteur sphingosine 1-phosphate, supprime les manifestations articulaires chez des souris infectées par le virus Chikungunya via le blocage de la migration des cellules T CD4 + dans les articulations et sans aucun effet sur la réplication virale.
Intérêt de l’abatacept associé à un antiviral
Miner et coll. ont traité des souris infectées à Chikungunya avec huit différents médicaments antirhumatismaux modificateurs de la maladie et identifié que le CLTA4-Ig (abatacept) et le tofacitinib sont des traitements candidats des arthrites à Chikungunya.
CTLA4-Ig diminue l'accumulation de cellules T dans les articulations des animaux infectés mais sans modifier l'infection virale. La monothérapie avec anticorps monoclonal humain anti-Chikungunya neutralisant apporte une amélioration clinique partielle. Par ailleurs, le traitement avec les 2 molécules abolit le gonflement articulaire et réduit de manière significative les taux de chimiokines, les cytokines proinflammatoires et les leucocytes infiltrants.
Immunité et infection à Chikungunya
Teo et coll. ont effectué le transfert de lymphocytes T CD4 + spléniques de souris C57BL/6 infectées par le virus chez des souris avec lymphocytes T infectés par un virus mais déficients en récepteur (TCR-/-). Ce transfert provoque une maladie articulaire sévère comprenant une inflammation synoviale avec des fuites vasculaires, un œdème sous-cutané et une nécrose dans le muscle squelettique.
Le screening du protéome de ces lymphocytes T CD4 + a identifié des épitopes des antigènes viraux nsP1 et E2. Le transfert de lignées de lymphocytes T CD4 + spécifiques de nsP1 ou E2 dans des receveurs de TCR - / - infectés par Chikungunya conduit à une inflammation sévère des articulations et à une fuite vasculaire.
Ce rôle pathogène démontré des lymphocytes T CD4 + spécifiques du virus dans les arthrites à Chikungunya a conduit à proposer l’évaluation des médicaments capables de supprimer l’activité des lymphocytes T parmi les médicaments déjà approuvés cliniquement chez l’homme.
En pratique
Le virus Chikungunya est l'un des nombreux alphavirus transmis par les arthropodes qui peut être responsable d’une inflammation invalidante des articulations chez l'homme.
Le Chikungunya cible particulièrement les articulations, provoquant une polyarthrite symétrique qui, cliniquement, imite la polyarthrite rhumatoïde et peut durer de plusieurs mois à plusieurs années.
Malgré la sévérité de l’infection, endémique dans de nombreuses régions du Monde (plus de 1,8 million de personnes infectées dans plus de 40 pays), il n’existe pas de molécule capable de cibler le virus et aucun traitement validé n'est efficace dans la prévention ou la lutte contre l'infection ou la maladie à Chikungunya.
Il a été démontré que des lymphocytes T CD4 + pathogènes et spécifiques du virus (épitopes des antigènes viraux nsP1 et E2) sont à l'origine de l'inflammation articulaire induite par le Chikungunya chez la souris.
Ainsi, le fingolimod réduit les signes articulaires et, par ailleurs, l'association CTLA4-Ig avec un anticorps antiviral contrôle l'infection aiguë par Chikungunya et l'arthrite chronique.
Les 2 stratégies proposées sont porteuses d’espoir pour les malades souffrant d’arthrites à Chikungunya dans la mesure où il s’agit de traitement actuellement disponibles. Nous attendons les essais cliniques chez l’homme avec impatience.











