Médecine générale

Androcur : des centaines de victimes réclament des comptes à l'État

Une association attaque l’État pour ne pas avoir informé les médecins et les patientes des risques de méningiomes, liés à la prise d’Androcur, un médicament prescrit pendant des années pour l’acné, la chute de cheveux ou encore comme contraceptif.

  • Zinkevych/iStock
  • 27 Avril 2024
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    L’Androcur m’a été prescrit par ma gynécologue à partir de 2005 comme contraceptif mais surtout pour soigner une acné hormonale, explique Émilie, 40 ans, qui a pris ce médicament pendant 14 ans, à l’Association Méningiomes dus à l’Acétate de cyprotérone, aide aux Victimes Et prise en compte des Autres molécules (AMAVEA). 

    En juin 2019, j’ai reçu un courrier de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui m’invitait à me rapprocher de mon médecin prescripteur et recommandait le passage d’une IRM.” Le 13 août de la même année, le diagnostic tombe : “une énorme masse protéiforme dans le lobe frontal de 6,3 cm et une plus petite, de 2,3 cm, à l’arrière du crâne.” 

    Des risques de méningiomes avérés

    Comme Émilie, beaucoup de femmes ont développé des méningiomes, après avoir pris de l’Androcur. Ce médicament contenant un dérivé de la progestérone et ayant une action anti hormonale a été prescrit à des milliers de patientes depuis les années 1980 pour traiter la chute de cheveux, l’acné, l’hirsutisme ou encore servir de contraceptif. Problème : ce n’est qu’en 2011 que le risque de méningiome a été mentionné dans la notice de l’Androcur.

    Pour mieux quantifier ce risque, l’Assurance Maladie a mené une étude. Les résultats ont été publiés en 2018 : le risque de méningiomes lié à l'utilisation prolongée d'acétate de cyprotérone à de fortes doses (supérieures ou égales à 25 mg/jour) était multiplié par 7 pour les femmes l’ayant pris sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement.

    L’Association AMAVEA attaque l’État

    En mars 2024, l’AMAVEA a déposé deux requêtes auprès du tribunal de Montreuil contre l’État. "La faute que nous imputons à l’État est la suivante : ne pas avoir diffusé correctement les informations relatives au risque pour la santé que représentait la prise d’Androcur auprès des médecins et des patients, explique Maître Charles Joseph-Oudin, avocat de l’association, à La Dépêche. Conséquence : ces derniers ont respectivement continué à prescrire et consommé la molécule."

    D’après les propos d’Emmanuelle Huet-Mignaton, présidente de l’association d’aide aux victimes de l’Androcur (AMAVEA), à La Dépêche : "Entre 2007 et 2023, ce sont 4.000 femmes qui ont été opérées d’un méningiome à cause d’un progestatif."

    À la justice, désormais, d’expertiser les plus de 450 dossiers de patientes. Aujourd’hui, l’Androcur est seulement utilisé, selon le Vidal, pour traiter le cancer de la prostate et l'hirsutisme chez la femme, “lorsque la pilosité excessive retentit gravement sur la vie affective et sociale.

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