Psychiatres, psychologues
Mondial 2014 : muscler le mental des joueurs autant que le physique
A l'approche de la finale, certains footbaleurs brésiliens ont montré leur fragilité émotionnelle. Curieux, lorsqu'on connaît l'importance de la préparation mentale dans le sport de haut niveau.
- Par Bruno Martrette
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- Capture d'écran : vidéo YouTube
la Les Brésiliens n'ont pas craqué ! Vendredi soir, les joueurs de la Seleção se sont en effet imposés 2 buts à 1 face à la Colombie en quart de finale de la Coupe du monde 2014 qui se déroule chez eux. Fini les larmes et les scènes d'angoisse, les joueurs au maillot auriverde ont montré une image plus conquérante que lors des précédentes rencontres. Dès lors, une question se pose : ce moral retrouvé explique-t-il les raisons de ce succès sur la pelouse de l'Estádio Castelão de Fortaleza ?
Peut-être, car aujourd'hui, pour les sportifs de haut niveau, se préparer mentalement pour être au top sur la plan psychique est aussi important que la préparation physique. « On voit que le Brésil vient de faire appel à une psychologue qui a intégré le staff médical », confie le Dr Jean-Christophe Seznec(1), psychiatre et médecin du sport à Paris (Ie), contacté par pourquoidocteur.
Sa mission : pallier les défaillances émotionnelles que l'on a pu voir chez certains joueurs de la Canarinha, et leur redonner confiance.
« A ce niveau-là, les sportifs ne s'appartiennent plus. Ils appartiennent tous à l'entraîneur, au public, et au pays. Pour un sportif c'est dur d'exister face à cette demande, et à l'emprise de l'environnement politique et public qu'il y a auteur d'eux », souligne le Dr Seznec.
Une donnée que les entraîneurs de foot ont bien intégré, eux qui confiaient récemment dans une étude britannique que les qualités psychiques comptent autant que les compétences physiques pour atteindre les sommets.
Le cerveau et ses émotions : « un muscle comme les autres qu'il faut préparer »
Par ailleurs, ce spécialiste en psychopathologie du sport explique que la préparation mentale des sportifs de haut niveau est d'autant plus importante que « beaucoup d'entre eux sont des gamins. Pour certains, en équipe de France, ils ont 21 ans. Neymar, le star brésilienne, vient de fêter ses 22 ans. De plus, le sport professionnel rend extrêmement immature. Ces athlètes sont devenus des stars multimillionnaires avec toutes les tentations qui vont avec. Mais lors d'une compétition de cette importance ils ont des responsabilités énormes avec, de surcroît, toutes les caméras braquées sur eux. Ce sont les attentes de tout un pays. »
Face à tant d'enjeu, mieux vaut bien se préparer mentalement. Un athlète mal préparé peut passer à côté de sa compétition.
En effet, les psychiatres du sport répètent inlassablement aux sportifs qu'ils suivent que l'être humain est fait de trois composantes : un corps, une machine à fabriquer des pensées, et une machine à fabriquer des émotions.
« Si personne ne les aide à professionnaliser leur rapport à leurs pensées et aux émotions, ils peuvent déjouer. Les qualités d'un être humain c'est comme de la dynamite. Bien utiliser c'est génial, mal utiliser ça peut faire des dégats. Donc ça se travaille. Le cerveau et nos émotions sont des muscles comme les autres qu'il faut entraîner », explique ainsi Jean-Christophe Seznec.
Ecoutez le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre et médecin du sport à Paris : « C'est un déplacement des guerres d'autrefois. Si votre équipe gagne, vous êtes glorifiés. Si vous perdez, vous êtes marqués à vie. Regardez encore aujourd'hui l'équipe de France de 82. »










