Rhumatologie
Lombalgie chronique : intérêt clinique des neurostéroïdes sur la douleur
De nouvelles modalités de traitement de la douleur chronique sont nécessaires et les neurostéroïdes sont des molécules prometteuses, en particulier dans la lombalgie chronique.
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Dans un essai clinique randomisé, en double aveugle versus placebo, chez 94 vétérans américains souffrant de lombalgies chroniques depuis au moins 6 mois, l'utilisation de la prégnénolone, un neurostéoïde contenu naturellement dans le cerveau, entraîne une réduction significative de l'intensité de la douleur après 4 semaines de traitement. L’étude est publiée dans JAMA Network.
Une petite étude randomisée
Après une semaine de traitement par placebo, les participants qui souffraient tous de lombalgie chronique, ont été randomisés pour recevoir soit de la prégnénolone, soit la poursuite du placebo pendant 4 semaines.
La prégnénolone et le placebo ont été administrés à des doses quotidiennes croissantes de 100 mg pendant 1 semaine, 300 mg pendant 1 semaine et 500 mg pendant 2 semaines.
Le critère principal de jugement était le changement des moyennes d'intensité de la douleur quotidienne (échelle numérique, 0-10) entre la visite 3 (inclusion) et la visite 6.
Les critères secondaires comprenaient d’autres scores de la douleur (Brief Pain Inventory, Short Form). Les niveaux de neurostéroïdes pré- et post-intervention ont été quantifiés par chromatographie en phase gazeuse.
Réduction significative de la douleur
Les lombalgiques chroniques qui ont reçu de la prégnénolone ont une réduction cliniquement significative de la douleur lombalgique chronique par rapport à ceux recevant un placebo. La moyenne non ajustée (SE) à l’inclusion des notes du journal de la douleur est de 4,83 (0,23) et 5,24 (0,22) pour les groupes traités par placebo et par prégnénolone, respectivement. La moyenne non ajustée (SE) après le traitement (visite 6) est de 4,74 (0,26) dans le groupe placebo et de 4,19 (0,30) dans le groupe prégnénolone.
Un autre indicateur de l'ampleur des effets de la prégnénolone est l'analyse des répondeurs. Les personnes randomisées dans le groupe prégnénolone sont 2,6 fois plus susceptibles d’avoir une réduction de 20% ou plus de l'intensité de la douleur (OR, 2,62 ; 95 % CI, 1,06-6,50 ; P = 0,04). Les taux de pregnénolone sériques étaient semblables dans les 2 groupes à l’inclusion et se sont élevé à 5 fois le taux de base dans le groupe prégnénolone après 2 semaines à la dose de 500 mg par jour.
Des molécules naturelles du cerveau
Les neurostéroïdes sont des molécules endogènes, fréquentes dans le cerveau, qui ont des actions pléiotropes pour le système nerveux central. L'alloprégnanolone, un modulateur des récepteurs GABA (γ-aminobutyric acid) et métabolite de la prégnénolone, a des propriétés analgésiques, neuroprotectrices, neurotrophiques et anti-inflammatoires.
De nombreuses études précliniques montrent que certains neurostéroïdes ont une action analgésique prononcée, et qu’ils seraient diminués dans le cadre de la douleur. Ainsi, la restauration de niveaux endogènes appauvris de neurostéroïdes tels que l'alloprégnanolone peut avoir un intérêt thérapeutique en particulier dans les lombalgies chroniques
Le traitement d’anciens combattants américains de lombalgiques chroniques de 37,5 ans d’âge moyen, par la prégnénolone pendant 4 semaines est associé à des améliorations cliniquement et statistiquement significatives de l'intensité de la douleur par rapport au placebo. La prégnénolone est bien tolérée dans cette étude, et est prometteuse comme traitement d'appoint des lombalgies chroniques.











