Pneumologie
Infections respiratoires : moins d'antibiotiques n’augmente pas décès et hospitalisations
Différentes études avaient déjà montré que la diminution du nombre de prescriptions d’antibiotiques en cas de syndromes infectieux courants n’entraînait pas d’augmentation de mortalité ou d'hospitalisations. Une étude parue dans le BMJ le confirme et a le mérite de le faire pour la plus importante cause de prescriptions en ambulatoire, à savoir les infections respiratoires.
- zlikovec
L’étude parue dans le BMJ est prospective et porte sur près de 30 000 patients présentant, selon leurs médecins généralistes, une infection respiratoire basse. Ces patients sont revus 30 jours après la 1ère consultation. Les objectifs principaux sont le nombre de décès, d’hospitalisations et de consultations supplémentaires. Les hospitalisations ou les décès surviennent chez 0,3% des patients du groupe sans antibiotique, chez 0,9% des patients avec antibiothérapie immédiate et 0,4% chez ceux ayant reçu une antibiothérapie différée. Conclusion de l’étude : il n’y a pas de différence significative entre tous ces groupes. En cas de prescription différée, il y a moins de« reconsultation » de façon significative.
Infection haute ou basse
Pour le Pr Claude Attali, Pr émérite et médecin généraliste, quelques bémols sont à émettre sur ce travail en termes de diagnostic d’infection basse et de stratégie de décision de mise en route d’une antibiothérapie.
- Tout d’abord sur le diagnostic de l’infection : les auteurs ne sont pas précis sur les critères diagnostics de l’infection respiratoire basse. Les symptômes observés que sont la toux, les expectorations, peuvent être d’origine basse ou haute, infectieuse ou non. L’absence de fièvre dans les infections basses répetoriées dans cette étude, pose question. De plus, il n’y a pas de distinction entre syndrome bronchique ou alvéolaire. Or l’objectif de l’étude était d’étudier les infections basses. Selon le Pr Attali, dans cette étude, "il y a sans doute pas mal de symptômes respiratoires qui ont d’autres origines que des causes bactériennes ou virales, d’autant plus, comme cela est précisé dans la discussion, les médecins n’ont pas été formés à repérer les infections respiratoires basses et incluent donc des patients qu’ils présument avoir de telles infections".
- Le 2ème objectif de l’étude était d’analyser les stratégies utilisées par les médecins généralistes pour prescrire ou non des antibiotiques. Toujours pour le Pr Attali, les résultats de cette partie de l’étude sont discutables. Les tableaux de la publication ne précisent pas s’il existe des différences significatives en fonction des paramètres étudiés. D'autre part, seuls des paramètres biomédicaux sont étudiés alors que l’on sait que la prescription d’antibiotiques relèvent aussi d’autres paramètres comme par exemple la demande des patients, le doute du médecin, la qualité de la relation médecin malade etc....
Ecoutez la conclusion du Pr Attali












