Pneumologie
Apnée du sommeil : risque majoré de microhémorragies cérébrales
Les personnes qui souffre d’apnée du sommeil modérée à sévère seraient plus susceptibles d'avoir des microhémorragies cérébrales.
- Nur Ceren Demir/iStock
Sur les IRM, les microhémorragies cérébrales apparaissent sous forme de petites lésions. Elles sont considérées comme des marqueurs précoces de lésions cérébrales. Plusieurs études ont mis en avant leurs liens avec les accidents vasculaires cérébraux symptomatiques et la démence, avec une prévalence allant de 3 % chez les adultes d'âge moyen à 23 % chez les personnes âgées.
Les microhémorragies cérébrales peuvent survenir en cas d’hypertension, de dyslipidémie, de diabète et de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires. Le tabagisme est également un facteur de risque. Dans une récente étude, des chercheurs du Korea University Ansan Hospital se sont demandés si l’apnée du sommeil pouvait augmenter le risque de microhémorragies cérébrales.
Les microhémorragies cérébrales, des zones focales de moins de 10 mm avec un signal très faible
Pour en avoir le cœur net, ces derniers ont mené une étude au cours de laquelle 1.441 personnes, sans microhémorragies initiales ni antécédents de maladies cérébrovasculaires ou cardiovasculaires, ont été recrutées. Au total, 812 adultes n’étaient pas atteints d’apnée obstructive du sommeil, 436 présentaient une apnée obstructive du sommeil légère et 193 souffraient d’une apnée obstructive du sommeil modérée à sévère. Au cours de l’intervention, les participants ont bénéficié d’une polysomnographie nocturne à domicile. Cet examen surveillant le sommeil a permis de définir les catégories d'indice d'apnées-hypopnées : 0 à 4,9 événements par heure (pas d'apnée du sommeil), 5 à 14,9 événements par heure (légère) et 15 événements ou plus par heure (modérée à sévère).
Les microhémorragies cérébrales ont été identifiées comme des zones focales de moins de 10 mm avec un signal très faible, mesurées par un radiologue ignorant le statut d'apnée du sommeil des volontaires. Cette évaluation a été faite au début de l’étude et quatre ans plus tard. Durant l’analyse des données, les auteurs ont pris en compte l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, l'indice de masse corporelle, le niveau d'activité physique, le statut tabagique et de consommation d'alcool, le taux de cholestérol total et de cholestérol LDL, l'hypertension, le diabète, les modifications de la substance blanche liées à l'âge, la variation de l'indice d'apnées-hypopnées, la variation de l'indice de masse corporelle et la pression artérielle.
Deux fois plus de risque de microhémorragies cérébrales en cas d’apnée du sommeil modérée à sévère
Le taux d'incidence cumulée des microhémorragies cérébrales dans les groupes sans apnée obstructive du sommeil, avec une apnée obstructive du sommeil légère et avec une forme modérée à sévère était respectivement de 15 participants (1,85 %), 7 volontaires (1,61 %) et 9 patients (4,66 %) à 4 ans. Huit ans après le début de l’intervention, le taux était de 27 personnes (3,33 %), 14 adultes (3,21 %) et 14 participants (7,25 %). D’après les travaux, publiés dans la revue JAMA Network Open, les patients atteints de ce trouble de la ventilation nocturne modérée à sévère présentent un risque deux fois plus élevé de développer de microhémorragies cérébrales à 8 ans par rapport au groupe sans apnée obstructive du sommeil. "Ces résultats n'ont pas été influencés par la présence ou l'absence du statut de porteur de l'allèle APOE-ε4", a précisé l’équipe.
D’après les scientifiques, cette étude renforce les preuves de l'importance de l'apnée du sommeil pour la santé cérébrale. Ce trouble représente une cible modifiable pour un diagnostic et un traitement précoces, dans le but de prévenir les microhémorragies et potentiellement de réduire le fardeau des accidents vasculaires cérébraux et de la démence chez les populations vieillissantes.











