Psychiatrie
TDAH : femmes diagnostiquées 5 ans plus tard que les hommes
Les femmes qui souffrent de TDAH seraient diagnostiquées cinq ans après les hommes en moyenne quand bien même leurs symptômes apparaissent au même moment.
- macniak/istock
Infarctus, insuffisance cardiaque, endométriose, AVC… que cela soit par manque de connaissances ou par biais socio-culturelles, les femmes peuvent rencontrer des retards de diagnostic importants dans de nombreuses maladies. Nous pouvons désormais ajouter le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) à la liste.
Une étude, présentée lors du congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology organisé à Amsterdam du 11 au 14 octobre, révèle que les patientes touchées de TDAH sont diagnostiquées 5 ans plus tard que les hommes, malgré l’apparition des symptômes au même âge.
TDAH : les femmes sont diagnostiquées quand les symptômes sont sévères
Les chercheurs ont suivi 900 adultes (54,9 % d'hommes, 45,1 % de femmes) avec un âge moyen de 36,94 ans diagnostiqués avec un TDAH. Ils ont noté leur âge au moyen du diagnostic, la gravité des symptômes du TDAH, les comorbidités psychiatriques. Ils ont également évalué le fonctionnement psychosocial et l'invalidité des volontaires. L’équipe a aussi analysé la tenue des entretiens cliniques et des tests effectués par les participants.
Résultat : les patientes féminines avaient reçu un diagnostic de TDAH à un âge moyen de 28,96 ans, tandis que les hommes avaient pour leur part 24,13 ans. Autre constat : les participants masculins étaient environ 3 fois plus susceptibles d'avoir rencontré des problèmes juridiques (18,1 %) que les femmes (6,6 %).
"Nous avons constaté que, bien que les symptômes du TDAH aient débuté à un âge similaire chez les hommes et les femmes, le diagnostic était posé environ cinq ans plus tard chez les femmes. Au moment du diagnostic, elles présentaient des symptômes plus graves, une dégradation de leur fonctionnement au quotidien et des taux plus élevés de dépression et d'anxiété", précise la chercheuse principale Silvia Amoretti dans un communiqué."Cela montre que le TDAH passe souvent inaperçu chez les femmes jusqu'à ce qu'il devienne un problème grave. Nos résultats suggèrent que nous pourrions passer à côté des premiers signes chez les filles et les femmes, en particulier lorsque leurs symptômes sont moins perturbateurs, mais néanmoins importants. Cela a des implications évidentes pour un dépistage plus précoce et des outils diagnostiques adaptés au sexe", ajoute l’experte.
TDAH : des symptômes moins visibles et moins connus chez les femmes
Ce délai de diagnostic du TDAH entre les femmes et les hommes n’était pas l’objet de l’étude au départ. Les scientifiques ont découvert son existence alors qu’ils cherchaient à avoir une vision claire de l'âge auquel les symptômes du trouble apparaissent. Bien que surpris par l'ampleur de la différence de diagnostic entre les sexes, les chercheurs avancent d’ores et déjà quelques hypothèses pour expliquer le phénomène.
"Il est probable que le diagnostic soit posé plus tard chez les femmes, car les symptômes du TDAH se manifestent différemment chez les hommes et les femmes. Les garçons sont plus susceptibles d'être hyperactifs ou impulsifs, et ce comportement est plus visible pour les parents, les enseignants et les cliniciens. En revanche, les filles atteintes de TDAH sont plus susceptibles de paraître inattentives et généralement moins perturbatrices. Ce constat est important sur le plan clinique, car cela signifie que les femmes ne sont tout simplement pas traitées suffisamment tôt et, souvent, ne sont tout simplement pas diagnostiquées du tout. Nous avons observé des tendances similaires à l'échelle internationale. Il est donc probable qu'il s'agisse d'un problème mondial. La nature même de la maladie conduit à un diagnostic plus difficile chez les femmes partout dans le monde, ce qui signifie que les femmes peuvent perdre en moyenne cinq ans de traitement, soit cinq ans d'une vie meilleure", souligne Silvia Amoretti.











