Neurologie

SEP : le Neurofilament (sNfL) prometteur en tant que biomarqueur de management des patients

Une revue systématique de la littérature confirme le caractère très prometteur du sNfL mais il n’a pas encore acquis suffisamment de robustesse pour être intégré à part entière comme marqueur de l’inflammation à l’échelle individuelle.

  • Jian Fan/istock
  • 20 Jun 2025
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    Si les révisions successives des critères permettent de poser de plus en plus tôt le diagnostic de SEP et si les données des registres nous incitent à traiter tôt et fort, le suivi individuel et personnalisé de nos patients atteints de SEP demeure un exercice difficile. En effet, l’examen de référence pour authentifier le contrôle inflammatoire reste l’IRM dont l’accès peut être parfois compliqué et retardé. Ainsi, l’utilisation de biomarqueurs simples et peu couteux permettrait d’adapter de manière fine et rapide le traitement de nos patients. Le dosage des neurofilaments (sNfL) a été étudié depuis quelques années en neurologie et plus spécifiquement dans la SEP.

    Le but de cette revue systématique de la littérature était de valider la relation entre les taux de sNfL et l’activité clinique, la progression et la réponse aux différents traitements de la SEP. Pour ce faire, 75 études issues de 180 publications ont été analysées.

    Un lien fort entre le taux de sNfL et l’aggravation du handicap quelle que soit la forme

    Une corrélation positive était retrouvée dans ≥85% des études entre les taux de sNfL et l’activité inflammatoire : les patients avec des taux élevés présentant un risque plus élevé de poussée dans les 2 ans. Dans les formes progressives, les taux élevés étaient associés à un risque accru de présenter une évolution lésionnelle T1 Gd+ et T2.

    La plupart des études (>75%) retrouvaient un lien fort entre le taux de sNfL et l’aggravation du handicap évaluée par l’EDSS (OR 1.11, 95% CI :1.03–1.21, p = 0.0093) ou le score EDA-3 (Evidence of Disease Activity-3 ; OR 1.43, 95% CI 1.31–1.57, p < 0.0001) chez les patients en forme rémittente. Dans les formes progressives, les taux de sNfL à baseline étaient également corrélés aux scores EDSS (β = 1.080, 95% CI 1.047–1.114, p < 0.001).

    Seules 13 études évaluaient le lien entre l’atteinte cognitive et les taux de sNfL : ils étaient inversement quelques soient les tests utilisés (SDMT, PASAT, CVLT-II, MoCA).

    Résultats des dosages fortement influencés par le mode de conservation des échantillons

    On retiendra qu’une majorité de ces études s’appuyaient sur des mesures des taux de sNfL en SIMOA, technique utilisée pour la recherche mais non applicable en routine clinique. De plus, les résultats de ces dosages étaient fortement influencés par le mode de conservation des échantillons (baisse importante des taux sur des prélèvements congelés). Ainsi, les valeurs proposées nécessitent-elles d’être revalidées avec les dosages disponibles sur les automates des laboratoires de biologie médicale.

    De plus, si les études dégageaient des liens statistiques entre les taux de sNfL et l’activité de la maladie à l’échelle du groupe, la variabilité intra individuelle des dosages ne permet pas, à l’heure actuelle, de s’en servir comme marqueur fort : il peut servir tout au plus dans la réflexion sur la stratégie thérapeutique mais n’a pas le poids des caractéristiques IRM.

    Le sNfL est donc très prometteur mais n’a pas encore acquis, en 2025, suffisamment de robustesse pour être intégré à part entière comme marqueur de l’inflammation à l’échelle individuelle.

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