Prévention

Dépistage du cancer : un Français sur deux stressé à l'idée de passer un examen

Alors que démarre la campagne 2025 d'Octobre Rose, une enquête révèle que la démarche de dépistage du cancer est génératrice de stress chez 1 Français sur 2 et que beaucoup renoncent à ces examens par peur du résultat.

  • iStock/Liudmila Chernetska
  • 03 Octobre 2025
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    C'est l'un des leviers les plus efficaces dans la lutte contre le cancer et les campagnes se multiplient pour en faire la promotion. En France, trois programmes nationaux de dépistage organisé sont mis en œuvre pour les cancers du sein, colorectal et du col de l'utérus. Mais le dépistage se heurte encore à un obstacle irrationnel : la peur du résultat ! C'est ce qui ressort d'un sondage* réalisé par l'IFOP pour Biogroup qui souligne que 50% des personnes interrogées se disent "stressées" à l'idée de passer un examen de dépistage et surtout que 12% d'entre-elles ont renoncé à cette démarche à cause de cette peur qui est le premier des freins identifié à cet outil essentiel de la prévention.

    L'objectif de dépistage : réduire la fréquence ou la gravité de certains cancers

    "La prévention et le dépistage ont pour objectif de réduire la fréquence ou la gravité de certains cancers, en évitant leur survenue ou en les détectant précocement. Il est également précieux lorsqu’il permet de déceler des lésions pré-cancéreuses, avant qu’elles n’évoluent en cancer. Les traitements alors proposés sont moins lourds et les effets secondaires liés aux traitements sont réduits. Grâce au dépistage, les chances de prévenir et guérir la maladie sont augmentées", rappelle pourtant le site de la Fondation pour la Recherche contre le Cancer (ARC).

    Alors que les initiatives se succèdent, comme l'opération Octobre Rose, une campagne annuelle mondiale de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein qui va se dérouler sur tout ce mois d'octobre, le public est de mieux en mieux informé sur ce sujet de la prévention. Selon le sondage réalisé par l'IFOP, 8 Français sur 10 âgés de plus de 25 ans affirment d'ailleurs connaître l'existence des différents examens de dépistage du cancer, même si seuls 18% se considèrent "très bien informés"

    Des taux de participation aux campagnes de dépistage inférieurs à 50%

    Et pourtant, selon les chiffres 2023 de l'Assurance Maladie, si le taux de participation au dépistage du cancer du col de l'utérus était de 59%, celui des cancers du sein et du cancer colorectal n'étaient respectivement que de 48% et 34,2%. "La peur est un frein puissant et portant invisible au dépistage. Avec cette étude, nous souhaitons mettre en lumière l'anxiété liée au dépistage et rappeler que prévenir, c'est déjà soigner", explique le Dr Eric Flatin, biologique médical chez Biogroup, un groupe de biologie médicale qui est à l'initiative de cette enquête.

    La "scanxiety", l'angoisse liée au dépistage du cancer

    Mais ce sondage ne révèle pas seulement la peur de l'examen et de ses résultats, voire le déni qui peut exister face au risque de cancer. Il montre aussi le déficit d'accompagnement psychologique, le fameux "scanxiety", l'angoisse des examens de contrôle, cette peur viscérale, parfois qui touche presque tous les patients qui ont traversé un diagnostic de cancer. Or, comme le souligne la psychologue Hélène de la Ménardière, "le dépistage précoce suscite une importante inquiétude légitime qui fait partie du parcours de soins et reconnaître cette anxiété permet d'encourager le patient à y avoir recours mais aussi à le soutenir dans sa démarche et ainsi permettre un diagnostic précoce".

    Cet aspect qui touche, avant même le diagnostic de la maladie, la fait d'oser participer à un dépistage illustre l'effet toujours terrifiant du cancer. "Selon l'Observatoire sociétal des cancers 2022, 85% des patients atteints de cette maladie estiment ne pas être suffisamment accompagnés psychologiquement. Traiter la "scanxiety", c'est reconnaître que l'expérience émotionnelle du dépistage fait pleinement partie du parcours médical et lever ces freins, c'est donner plus de chances à la prévention et donc à la guérison", confirme le Dr Laurent Kbaier, biologiste médical.

    * Enquête Ifop pour Biogroup menée entre le 17 et le 19 septembre 2025 auprès d'un échantillon représentatif de 1019 personnes de 25 ans et plus selon la méthode des quotas.

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