Espace public

Tabagisme : ces lieux où vous pourrez exiger que l'on éteigne les cigarettes

Depuis le 29 juin, fumer est interdit dans de nombreux espaces publics comme les abribus, parcs, plages ou abords d’écoles. Une mesure surtout destinée à protéger les enfants du tabagisme passif. Spoiler : les terrasses ne sont pas concernées.

  • Nina Calykh / istock
  • 30 Jun 2025
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    Vous êtes désormais dans votre bon droit de demander aux fumeurs d’éteindre leur cigarette dans certains lieux en plein air, comme les abribus, les parcs, les jardins publics, les plages, mais aussi les abords des écoles, des bibliothèques, des piscines.... Depuis hier, dimanche 29 juin, un décret paru au Journal officiel, promis par le gouvernement fin 2023, étend l'interdiction de fumer à de nombreux espaces publics, marquant un tournant majeur dans la lutte contre le tabagisme passif.

    L’objectif, mieux protéger les non-fumeurs, et en particulier les plus jeunes. "Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître", a insisté la ministre de la Santé Catherine Vautrin, soulignant que la liberté de fumer "s'arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur".

    75.000 morts par an liés au tabagisme

    Le décret doit encore être complété par un arrêté pour définir les périmètres exacts concernés, notamment autour des établissements accueillant des mineurs, mais ce devrait être "dans un périmètre d’au moins dix mètres". En attendant, une période de "pédagogie" est prévue avant que des amendes (jusqu’à 135 euros) soient systématiquement infligées.

    La France ne part pas de zéro. Ces dernières années, plus de 1.600 communes soucieuses d’agir avaient déjà instauré des espaces sans tabac, soutenues par la Ligue contre le cancer. Parcs, plages, pistes de ski, écoles : ces initiatives locales ont permis de créer plus de 7.000 zones non-fumeurs. Le nouveau décret vient les consolider au niveau national.

    Ce mouvement s’inscrit dans une stratégie plus large : le Programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 vise une génération sans tabac d’ici 2032. Car, si la France progresse (moins d’un quart des adultes fumaient quotidiennement en 2023 selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives), le tabac tue encore 75.000 personnes par an et coûte 156 milliards d’euros à la société (vies, qualité de vie et productivité perdues, prévention, répression, soins…).

    Les terrasses : un angle mort qui divise

    Les terrasses de cafés et restaurants, elles, restent pour l’instant épargnées par l’interdiction. Un choix qui divise. "Il faut faire en sorte qu’il ne soit plus normal de fumer partout et tout le temps", plaide Alexandra Gentil, tabacologue au CHU d’Angers, interrogé par Le HuffPost. D’autres, comme le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder, cardiologue de formation, se montrent plus nuancés : "Le moment de boire un café avec une cigarette fait aussi partie de la vie en général".

    Mais les avis évoluent. Pas moins de 68 % des Français se disent désormais favorables à une interdiction de fumer sur les terrasses, selon une étude YouGov réalisée pour Le HuffPost. Certains pays européens, comme la Suède et l’Espagne, ont déjà franchi le pas. Et la Commission européenne se dit également favorable à des terrasses de cafés sans fumée.

    "Il y a un problème autour de la définition de ce qu’est une terrasse", selon Alexandre Markovic, directeur exécutif de l’association Demain sera non-fumeur (DNF), cité par Le HuffPost. Complètement découverte, on peut fumer, mais l’hiver quand elle est pratiquement transformée en véranda, ça doit devenir un espace non-fumeur et la règle n’est pas toujours respectée", explique-t-il. Le professeur Loïc Josseran, président de l’ACT-Alliance contre le tabac, compare même ce type de terrasses à des "aquariums" : "Vous avez des espaces fermés quasiment ou complètement. Ce n’est pas aéré, pas ventilé, pour renouveler l’air on ouvre les portes et les clients à l’intérieur profitent aussi des fumées."

    "Dénormaliser" la cigarette

    L’ambition est claire : une "dénormalisation du tabac", selon les associations et les professionnels de santé. Car rendre visible l'interdit, c'est aussi aider les fumeurs en sevrage. "Les fumeurs ne sont pas fumeurs H24 et, quand ils ne fument pas, ils n’ont pas envie de se faire enfumer", affirme Loïc Josseran, rappelant qu’"en phase de sevrage, se voir infliger une terrasse avec l’odeur dans le nez [...] peut être vraiment difficile". Ce qui pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi 44 % des fumeurs se disent favorable à une interdiction de fumer en terrasse.

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    JDF