Vieillissement

Déclin cognitif : parler plus vite est signe d’une meilleure santé cérébrale

Une nouvelle étude suggère que la vitesse de parole serait un indicateur fiable pour évaluer la santé de notre cerveau en vieillissant et prédire le déclin cognitif.

  • Par Stanislas Deve
  • Dobrila Vignjevic / istock
  • 26 Fév 2024
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    A mesure que nous vieillissons, il nous faut souvent davantage de temps pour trouver les bons mots, à tel point que certaines personnes y voient le signe d’un potentiel déclin cognitif ou d’une démence liée à l’âge avancé. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Aging, Neuropsychology, and Cognition, vient toutefois contredire cette hypothèse : le débit de parole serait en réalité un bien meilleur indicateur de la santé du cerveau que la difficulté à trouver ses mots.

    Trois tests pour évaluer les capacités cognitives et de langage

    Pour parvenir à ce constat, les chercheurs de l’hôpital gériatrique Baycrest et de l’Université de Toronto, au Canada, se sont appuyés sur l’observation de 125 adultes en bonne santé, âgés de 18 à 90 ans, dans le cadre de trois évaluations distinctes.

    Durant le premier exercice, les participants devaient répondre à des questions concernant différentes images, tout en ignorant des mots censés les distraire qu’ils entendaient à travers des écouteurs. Par exemple, alors qu’ils regardaient la photo d’une serpillière, ils devaient répondre à la question "Cela se termine-t-il par la lettre E ?", tout en entendant le mot "balai" dans le casque audio. Une manière, pour les scientifiques, de "tester la capacité des volontaires à reconnaître ce qu’était à l’image et à se souvenir de son nom", peut-on lire dans un communiqué.

    Pour le deuxième test, les participants étaient enregistrés alors qu'ils devaient décrire deux images complexes pendant une minute chacune. En analysant leurs performances linguistiques, les chercheurs ont ainsi pu examiner à quelle vitesse les volontaires parlaient, mais également à quelle mesure ils s’étaient arrêtés de parler durant leur exposé.

    Enfin, le troisième exercice consistait à évaluer, grâce à des tests standards, les facultés cognitives des participants qui ont tendance à diminuer naturellement avec l’âge et qui sont associées au risque de démence telle que la maladie d'Alzheimer. A savoir, en premier lieu, les fonctions exécutives, comme la capacité de gérer des informations contradictoires, de rester concentré et d’éviter les distractions.

    Le ralentissement de la vitesse de parole comme signe de déclin cognitif

    Sans surprise, les résultats de l’étude ont révélé que de nombreuses capacités cognitives diminuaient avec l’âge, comme la vitesse pour trouver les mots ou la capacité de reconnaître une image et de se souvenir du nom qui y est associé. Toutefois, "cela n’a pas été associé à un déclin d’autres facultés mentales. Le nombre et la durée des pauses prises par les participants pour trouver les mots n'étaient pas liés à la santé du cerveau, affirment les chercheurs. Au lieu de cela, la vitesse avec laquelle ils ont pu nommer des images prédisaient à quelle vitesse ils parlaient en général, et les deux étaient liées à la fonction exécutive." En d'autres termes, ce ne sont pas les pauses en tant que telles qui révèlent le mieux l’état de santé du cerveau, mais plutôt la vitesse de la parole entre les pauses.

    Ainsi, rien ne sert de paniquer si, avec l’âge avançant, nous avons besoin de marquer davantage de temps d’arrêt pour choisir nos mots : c’est normal, cela fait partie du vieillissement. En revanche, le ralentissement de notre débit de parole normal, entre deux pauses pour trouver les mots, peut être un signal d’alarme de potentiels changements dans notre santé cérébrale.

    "Nos résultats suggèrent que la vitesse de conversation devrait être testée dans le cadre d'évaluations cognitives pour permettre aux soignants de détecter plus rapidement le déclin cognitif, et ainsi aider les personnes âgées à préserver la santé de leur cerveau en vieillissant", conclut Dr Jed Meltzer, auteur principal de l’étude.

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    JDF