Diabétologie

Diabète gestationnel : un complément alimentaire prometteur pour réduire les risques

Une revue Cochrane s'est intéressée à l'efficacité potentielle d'un complément alimentaire, le myo-inositol, en prévention du diabète gestationnel. Connu pour réduire l'insulino-résistance, ce simple nutriment glucidique pourrait-il bientôt faire partie de l'arsenal thérapeutique ? 

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  • 27 Mar 2023
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    Le diabète gestationnel touche 16,4% des femmes enceintes en France, selon l'enquête nationale périnatale de 2021. Un chiffre en hausse, puisque la pathologie ne touchait que 10,8% des femmes 5 ans plus tôt lors de la précédente étude. Les complications pour la mère ou l'enfant sont nombreuses et peuvent parfois être très graves. Il est donc essentiel d'avoir à disposition des moyens simples et peu coûteux de prévenir cette pathologie.

    En plus des mesures hygiéno-diététiques actuellement recommandées, la prise d'un complément alimentaire en prévention, le myo-inositol qui joue un rôle dans la sensibilité de l'organisme à l'insuline est une piste prometteuse. Il s'agit d'une forme d'inositol, un sucre naturellement présent dans certains fruits et légumes dont l'organisme a besoin pour de nombreuses fonctions cellulaires. Où en est la recherche à ce sujet ? Une revue Cochrane s'est ainsi demandé si le myo-inositol pouvait être un complément alimentaire prénatal efficace pour réduire les risques de développer un diabète gestationnel.    

    Une réduction de l'incidence du diabète gestationnel sans effet indésirable

    « Les données probantes de sept études montrent que la supplémentation alimentaire prénatale en myo-inositol pendant la grossesse pourrait réduire l'incidence du diabète gestationnel » concluent les auteurs de la revue Cochrane. La méta-analyse montre également une diminution de l'incidence des troubles hypertensifs et des naissances prématurées en cas de supplémentation.

    Les sept études incluses regroupaient au total 1319 femmes enceintes de 10 à 24 semaines d'aménorrhée. Cinq se déroulaient en Italie et une en Irlande. Aucun effet indésirable n'a été rapporté dans les cinq études qui en faisaient mention. Les résultats sont donc plutôt encourageants, cependant la conclusion est à nuancer.

    Des études aux nombreuses limites

    Les effets positifs de la supplémentation en myo-inositol pour prévenir le diabète gestationnel sont toutefois à modérer expliquent les auteurs, qui déclarent avoir « peu confiance » en l'ensemble des données inclues. En effet, le nombre d'études sur le sujet et les effectifs étaient faibles.

    Autre limite : une difficile extrapolation des résultats. Les femmes inclues venaient en effet quasiment toutes du même pays (Italie) et avaient de hauts revenus. La population étudiée était donc assez spécifique, ce qui comme le soulignent les auteurs « soulève des inquiétudes » quant à la possibilité de généraliser les résultats à l'ensemble des femmes enceintes.

    Enfin, la méthodologie des études pouvait parfois manquer de rigueur, diminuant là aussi le niveau de preuve global de la méta-analyse.

    La piste est prometteuse mais la recherche doit se poursuivre

    « D'autres études sur cette intervention prénatale prometteuse pour la prévention du diabète gestationnel sont encouragées et devraient inclure des femmes enceintes de différentes ethnies et présentant des facteurs de risque variés » concluent les auteurs.

    Ils insistent aussi sur la nécessité de réaliser d'autres essais contrôlés, randomisés, bien conçus et de grande envergure pour comparer à haut niveau de preuve. Le myo-inositol à différentes doses et fréquence d'administration doit être comparé à un placebo, au régime alimentaire et à l'exercice physique ainsi qu'à des interventions pharmacologiques. De nouvelles recommandations à ce sujet ne sont donc pas pour tout de suite, mais il n'est pas improbable qu'elles arrivent d'ici quelques années.  

     

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    JDF