Diabétologie
Diabète et maladie cardiovasculaire : le lien faiblit
Historiquement, le diabète et le risque de maladies cardiovasculaires sont fortement liés. Une étude Canadienne montre qu’entre 1994 et 2019, l’incidence du diabète augmente mais son lien avec le risque de maladie cardiovasculaire faiblit.
- Gam1983/iStock
Entre 1982 et 2000, une personne diabétique avait un risque d’évènements cardiovasculaires similaire à celui d’une personne ayant déjà une maladie cardiovasculaire. Les patients diabétiques étaient donc considérés comme ceux en prévention secondaire. Des chercheurs canadiens ont réactualisé ce risque avec des cohortes de la ville de Toronto et leurs résultats sont récemment parus dans le Journal of American Medical Association.
Il apparaît que ce risque à 5 ans diminuait avec le temps de manière plus importante avec le diabète qu’en cas d’antécédent cardiovasculaire. Rapporté à 1 000 personnes/années, le risque d’évènements cardiovasculaires diminuait entre 1994 et 2014 : de 28 à 14 pour les individus avec un diabète, de 36 à 24 pour ceux avec un antécédent cardiovasculaire, et de 13 à 8 pour les individus sans diabète ni maladie cardiovasculaire.
Une population canadienne de 20 à 84 ans
Dans cette étude, cinq cohortes ont été créées, constituées de personnes âgées de 20 à 84 ans en 1994, 1999, 2004, 2009 et 2014, et ce à partir d’une base de données de soins de la ville d’Ontario. L’âge médian était de 44,4 ans en 1994, et 47,5 ans en 2014. La prévalence du diabète augmentait de 3,1% en 1994 à 9,0% en 2014, et celle de la maladie cardiovasculaire de 2,5 à 3,7%. La diminution de l’incidence des évènements cardiovasculaires, ainsi que celle du risque relatif du diabète, ont été progressive entre 1994 et 2014, sans effet seuil.
Les évènements cardiovasculaires regroupaient la mortalité toute cause et une hospitalisation pour infarctus du myocarde ou pour un accident vasculaire cérébral. Toutes les analyses ont été ajustées pour l’âge, le sexe et le niveau socio-économique.
Le diabète reste un facteur de risque cardiovasculaire, mais moindre
Comparée à des personnes sans diabète ni maladie cardiovasculaire, l’augmentation absolue du risque d’évènement cardiovasculaire associée au diabète a significativement diminué entre 1994 et 2014 : de 4,4% en 1994 (IC 95% 4,2%-4,5%) à 2,0% en 2014 (IC 95% 1,9%-2,0%). Cette augmentation absolue du risque a moins diminué chez les individus en prévention secondaire : de 5,1% en 1994 (IC 95% 4,9%-5,2%) à 3,7% en 2014 (IC 95% 3,6%-3,9%).
Il est intéressant de noter que l’incidence générale des évènements cardiovasculaires a diminué entre 1994 et 2014 chez toutes les personnes : de 37% chez les contrôles, de 51% chez les personnes avec un diabète, et de 34% chez celles avec une maladie cardiovasculaire.
Une diminution partiellement expliquée
Ces résultats suggèrent que le diabète est toujours un facteur de risque cardiovasculaire important, mais qu'il n'est plus équivalent aux maladies cardiovasculaires. Cette évolution peut refléter le traitement de facteurs de risque cardiovasculaire tels que l’hypertension artérielle ou la dyslipidémie de manière plus intensive chez le patient diabétique. Toutefois, la prise en charge de ces autres facteurs de risque n’était pas précisée dans la base de données, et ne pouvait donc pas être analysée.
Enfin, les traitements anti-diabétiques qui modifient l’incidence de la maladie cardiovasculaire, tels que les analogues du récepteur au GLP-1 ou les inhibiteurs de la SGLT2, sont d’utilisation trop récente pour être impliqués dans les résultats de cette étude. La diminution globale des évènements cardiovasculaires est un facteur retrouvé depuis plusieurs années, conduisant souvent à une diminution de la puissance statistique d’études interventionnelles cherchant à moduler ce risque.








