Pédiatrie

Coqueluche : faut-il craindre une forte épidémie en 2023 ?

Alors que la coqueluche connaît tous les 3-4 ans un pic épidémique et que le dernier est survenu en 2017, le nombre de cas n'a jamais été aussi bas en 2020 et 2021, d'après de récentes données de Santé Publique France.

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  • 15 Déc 2022
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    Santé Publique France publie les données de surveillance de la coqueluche en France en 2021. Alors que cette maladie connaît cycliquement tous les 3 à 4 ans un pic épidémique et que le dernier remonte à 2017, le nombre de cas en 2020 et 2021 pourtant n'a jamais été aussi bas. Pourquoi ? Faut-il s'attendre prochainement à un rebond épidémique ?

    Le nombre de cas de coqueluche chez les nourrissons en 2021 est le plus faible depuis 1996

    Depuis le dernier pic épidémique en 2017, le nombre de cas annuels rapportés par le réseau RENACOQ, diminue sans cesse. Ce réseau, qui surveille les cas de coqueluche chez les moins de 12 mois en hospitalisation a dénombré 35 cas de coqueluche en 2020 et seulement 4 en 2021. Des chiffres qui « n'ont jamais été aussi bas au sein de cette population, qui reste la population la plus à risque » souligne Santé Publique France.

    Une tendance observée également en population générale (enfants et adultes) en ambulatoire puisque le réseau Sentinelles a remonté un très faible nombre de cas ces deux dernières années : 11 en 2020 et 1 seul en 2021.

    L'épidémie de Covid-19 utile barrière contre la coqueluche

    Quelle explication pour ce taux « étonnamment » bas de cas de coqueluche ? Premier constat, ce n'est pas lié à un taux de participation plus bas des établissements hospitaliers du réseau de surveillance ni à un biais de notification, précise SPF. Il faut plutôt aller voir du côté de l'épidémie de Covid-19 qui a bouleversé l'épidémiologie de bon nombre de maladies infectieuses.

    C'est ce que conclut une robuste étude française publiée cette année dans Eurosurveillance. Les chercheurs y ont analysé la dynamique des cas de coqueluche recensés entre 2013 et 2020 (soit plus de 20 000 cas au total) et son association avec les stratégies de lutte contre le Covid-19 en appliquant des modèles de régression : « la forte réduction des cas de coqueluche hospitalisés et ambulatoires suggère un impact des interventions visant à atténuer la pandémie de Covid-19 sur l'épidémiologie de la maladie » concluent les chercheurs.

    Le grand retour de la coqueluche en 2023 ?

    L'épidémie de Covid-19 et les mesures de protection associées ont donc vraisemblablement évité le pic épidémique de coqueluche attendu en 2020 ou 2021. Un effet collatéral positif à court terme vu les surcharges du système hospitalier en temps de pandémie. Mais faut-il craindre bientôt un rebond épidémique ? C'est un risque réel assurent des chercheurs qui se sont penchés sur la question dans un article d'opinion  publié dans le Infectious Diseases Now.

    Ils y ont discuté de diverses situations qui pourraient conduire à des épidémies plus importantes une fois les mesures barrières contre le Covid levées. Pour la coqueluche comme pour d'autres infections pédiatriques épidémiques (rougeole, bronchiolite, varicelle, infections invasives à méningo- ou pneumocoques), leur conclusion, qu'eux mêmes jugent "inquiétante" est la suivante : « nous pourrions assister à de forts rebonds épidémiques pédiatriques une fois les mesures de protection personnelle levées ».

    En cause, la fameuse dette d'immunité induite par l'absence de stimulation immunitaire due à la moindre circulation des agents microbiens et à la diminution de la couverture vaccinale, toutes deux provoquées par la pandémie. Pour la coqueluche, une solution préventive est d'ores et déjà applicable au cabinet pour limiter l'ampleur d'une épidémie qui pourrait survenir au printemps : la vaccination des nourrissons, des femmes enceintes (nouveauté du calendrier vaccinal 2022) et de l'entourage proche des nourrissons de moins de 6 mois.

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    JDF