Onco-digestif
Carcinome épidermoïde de l’œsophage localement avancé non résécable : la promesse d’un nouvel anti-EGFR associé à la radiochimiothérapie ?
Un nouvel anti-EGFR, le nimotuzumab, pourrait améliorer les résultats de la radiochimiothérapie exclusive dans les cancers épidermoïdes de l’œsophage localement avancés non résécables
- Istock/Dr_Microbe
La radio-chimiothérapie exclusive (RCT) est le traitement standard des cancers de l’œsophage localement avancés non résécables avec des résultats à long terme insatisfaisants et un taux de survie à 5 ans d’environ 30%. Dans des essais de phase III antérieurs, la combinaison du cetuximab avec la RCT n’avait pas montré de bénéfice en termes de survie.
Le nimotuzumab est un nouvel anticorps monoclonal humanisé dirigé contre l’EGFR capable d’avoir une action synergique avec la radiothérapie et ayant montré des résultats encourageants dans les cancers ORL. L’étude NXCEL1311 a évalué l’intérêt d’ajouter ce nouvel anti-EGFR à une RCT exclusive à base de paclitaxel + cisplatine dans les cancers épidermoïdes de l’œsophage localement avancés non résécables. Les résultats d’une analyse intermédiaire de cette étude ont été communiqués à l’ASCO 2022.
Des taux de réponse complète et de contrôle tumoral plus élevés avec le nimotuzumab
Cet essai randomisé de phase III chinois a comparé, en double aveugle, le nimotuzumab à un placebo, en association à une RCT exclusive à base de paclitaxel + cisplatine chez des patients ayant un cancer épidermoïde de l’œsophage localement avancé non résécable. L’objectif principal était la survie globale, et les objectifs secondaires étaient le taux de réponse objective, le taux de contrôle de la maladie (TCM) et la survie sans progression.
Parmi les 200 patients inclus (nimotuzumab n=99 ; placebo n=101), les résultats de l’analyse intermédiaire après un suivi médian de 6 mois ont montré des taux de réponse objective (93,8% vs 72,0% ; p< 0,001) et de réponse complète (32,5% vs 12,2% ; p=0,002) plus importants dans le bras nimotuzumab, ainsi qu’un taux de contrôle de la maladie numériquement plus élevé, sans différence toutefois significative (98,8% vs 91,5% ; p=0,064).
En analyse multivariée, le nimotuzumab était le seul facteur indépendant associé à la réponse et au contrôle tumoral. En termes de tolérance, il n’y avait pas de surtoxicité liée au nimotuzumab. Les effets secondaires du nimotuzumab étaient essentiellement d’ordre hématologique mais avec un taux d’effets indésirables tous grades (36,4% vs 35,6%) et de grade 3-4 (11,1% vs 10,9%) similaires dans les 2 bras.
Une efficacité qui doit se confirmer désormais en termes de survie
Cette analyse intermédiaire a montré la faisabilité de la RCT exclusive en combinaison avec le nimotuzumab, ainsi qu’une amélioration du taux de réponse objective et complète. Ces résultats encourageants nécessitent un suivi plus long pour confirmer le bénéfice de ce nouvel anti-EGFR en termes de survie globale, objectif principal de l’étude.
En effet, on rappelle que les anti-EGFR n’avaient pas été convaincants par le passé puisque dans l’essai de phase II/III SCOPE1, l’ajout du cetuximab à une RCT à base de cisplatine et capecitabine était associé à une augmentation de la toxicité et à une moins bonne survie globale des patients (1). De même, dans l’essai de phase III RTOG 0436, qui évaluait l’ajout du cetuximab à une RCT à base de paclitaxel-carboplatine, le taux de survie globale à 2 ans était identique (42%) dans les 2 bras de traitement (2).
En attendant ces résultats à plus long terme, la RCT sans anti-EGFR reste le traitement standard des carcinomes épidermoïdes localement avancés non résécables.








