Pneumologie

Utilisation des morphiniques dans la dyspnée des sujets BPCO : débat et impact des soignants

L’usage de la morphine à faible dose et à libération prolongée pour soulager une dyspnée chronique sévère chez des patients BPCO fait encore débat même s’il n’y a pas de preuve d’effet secondaire respiratoire significatif et l’impact des accompagnants prend une place croissante dans cette prise en charge thérapeutique. D’après un entretien avec Fabien ROLLAND.

  • 22 Sep 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2022 dans le BMJ Open Respiratory Reseach, a fait le point sur l’utilisation des morphiniques  à faible dose chez les sujets dyspnéiques atteints de BPCO, dans le but de réduire l’essoufflement chronique. Les auteurs ont cherché à comprendre pourquoi certains patients faisaient le choix de ne pas poursuivre ce traitement sur le long terme. Il s’agit d’une étude qualitative intégrée dans un essai clinique randomisé. Au total, treize patients et neuf soignants ont participé à ce travail, et séparés en deux groupes, l’un recevant des morphiniques, l’autre un placebo. Les sujets ont ensuite été interrogés à leur domicile sur leur connaissance sur ce traitement, son efficacité et ses effets secondaires.

     

    Un sujet débattu dans les revues de la littérature

    Le docteur Fabien ROLLAND, pneumologue au Centre Hospitalier Simone Veil à Cannes, rappelle que l’utilisation des morphiniques dans la prise en charge de la dyspnée est débattue dans la plupart des revues de la littérature et que le niveau de preuve de l’efficacité et de la sécurité est peu important. Cependant, les recommandations de l’ASCO, en 2021, soulignaient qu’il existait un intérêt à utiliser les morphiniques au cours des dyspnées liées aux cancers bronchiques. Malgré un faible niveau de preuve , il existe des éléments  montrant un intérêt à l’utilisation des morphiniques dans la dyspnée liée à la BPCO. Fabien ROLLAND précise que l’Australie a obtenu l’AMM pour une utilisation entre 10 et30 mg de morphine quotidienne mais qu’il n'existe pas de preuve forte sur la galénique ni sur la posologie. Les principaux effets secondaires retrouvés sont digestifs (constipation et nausées) mais aucune preuve n’a été retrouvée concernant une  incidence sur l’état respiratoire, dans la plupart des méta-analyses, ce qui selon Fabien ROLLAND, est plutôt rassurant. Certains patients vont jusqu’à expliquer que la morphine leur coupant l’appétit ,ils perdent du poids et donc respirent mieux…

     

    Importance croissante des proches dans cette prise en charge

    Fabien ROLLAND insiste sur l’importance croissante du rôle des soignants et des accompagnants, rôle qui augmente avec le degré de sévérité de la maladie. L’angoisse et la culpabilité des accompagnants ainsi que l’état de vigilance permanente dont ils doivent faire preuve les rend frileux quant à l’utilisation des morphiniques chez leur proche, en difficulté respiratoire. Fabien ROLLAND explique qu’une méta-analyse n’a pas montré de preuve d’effet secondaire respiratoire significatif lié à l’utilisation de la morphine au cours de la dyspnée chronique à condition qu’elle soit bien utilisée. Face à la préoccupation des patients et de leurs accompagnants, proches ou soignants,  des programmes d’informations à leur attention ont été élaborés, notamment pour la prise en charge des exacerbations.

     

     En conclusion, l’utilisation des morphiniques à faible dose chez les patients BPCO très dyspnéiques peut apporte run bénéfice à condition qu’elle soit bien utilisée et que le patient et ses proches soient suffisamment et correctement informés, pour éviter les idées préconçues...

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    JDF