Diabétologie

DT2 chez les jeunes : nette majoration du risque cardiovasculaire et des décès

Un diabète de type 2 qui apparaît avant 40 ans est lié à un risque relatif nettement plus élevé de maladie cardiovasculaire et de décès selon une étude portant sur 1,9 million d'adultes.

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  • 07 Sep 2022
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    L'apparition d’un diabète de type 2 chez les jeunes adultes est de plus en plus fréquente dans le monde. Ce diabète précoce peut correspondre à une forme plus agressive avec un développement plus précoce des complications et un taux plus élevé d'hospitalisations.

    Dans cette étude nationale coréenne, les hommes et les femmes de 40 ans ou moins qui développent un diabète de type 2 (DT2) sont beaucoup plus à risque de développer une maladie cardiovasculaire et de décéder prématurément par rapport aux personnes de même âge dans la population générale : ils doivent donc être traités comme des diabétiques à risque. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude qui sera présentée cette année lors du congrès 2022 de l'European Association for the Study of Diabetes (EASD) à Stockholm.

    Une étude sur 1,9 million d'adultes

    L'étude nationale, qui compare plus de 634 000 personnes nouvellement diagnostiquées pour un diabète de type 2 à plus de 1,2 million de témoins appariés sur une période moyenne de six ans, indique que les personnes atteintes d'un « diabète de type 2 précoce » (âgées de 40 ans ou moins) sont cinq fois plus à risque de développer une maladie cardiaque, sept fois plus à risque d'être hospitalisées pour une insuffisance cardiaque et au moins cinq fois plus susceptibles de décéder d'une maladie cardiovasculaire ou de toute autre cause par rapport aux personnes de même âge mais non diabétiques.

    Sur une moyenne de six ans de suivi, 172 120 (40%) des personnes atteintes de DT2 à début précoce et 151 363 (23%) des témoins ont eu un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou sont décédées d'une maladie cardiovasculaire.

    Un risque fortement lié à l’âge

    Les chercheurs constatent que le risque de complications cardiovasculaires est fortement lié à l'âge et que les adultes de 40 ans ou moins chez qui un DT2 a été diagnostiqué ont le risque relatif le plus élevé pour la plupart des complications par rapport à la population générale.

    Tous les risques diminuent progressivement avec chaque décennie supplémentaire de l'âge de diagnostic du diabète, mais restent statistiquement significatifs.

    Par exemple, les personnes chez qui le DT2 a été diagnostiqué à l'âge de 91 ans ou plus sont environ trois fois plus susceptibles de développer une maladie cardiaque et d'être hospitalisées pour insuffisance cardiaque que les personnes du même groupe d'âge dans la population générale, et ont 24% de risques supplémentaires de mourir de quelle que soit la cause et 25% de risques supplémentaires de mourir d'une maladie cardiovasculaire.

    Une étude nationale coréenne

    Les chercheurs ont étudié la relation entre l'âge au moment du diagnostic du DT2 et les complications et décès liés aux maladies cardiovasculaires chez 634 350 personnes atteintes de DT2, recensées dans la base de données du Service national coréen d'assurance maladie (NHIS) entre 2012 et 2014, par rapport à 1 268 700 témoins appariés en fonction du sexe, de l'âge et de l'historique des MCV dans la population générale. En Corée du Sud, le NHIS fournit une assurance maladie obligatoire couvrant presque toutes les formes de soins de santé pour tous les citoyens coréens.

    Les participants ont été suivis jusqu’au 1er évènement lié aux maladies cardiovasculaires (décès toutes causes confondues, décès par maladie cardiovasculaire, maladie coronarienne, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, hospitalisation pour insuffisance cardiaque) ou jusqu'en 2019.

    Les chercheurs ont ajusté les données sur une série de facteurs susceptibles d'influencer les résultats, notamment l'âge, le sexe et les antécédents de maladie cardiovasculaire, dont l’infarctus du myocarde, l'angine instable, l'insuffisance cardiaque, l'accident vasculaire cérébral et la maladie artérielle périphérique.

    Intensifier la prise en charge

    « Dans cette vaste étude de cohorte en population, le fait d'être plus jeune au moment du diagnostic du DT2 est associé à un risque relatif plus élevé de décès et de complications des maladies cardiovasculaires par rapport aux personnes du même groupe ne souffrant pas de diabète », explique le Dr Seong Bin Hong, coauteur de l'étude, de la faculté de médecine de l'université d'Inha, en Corée du Sud.

    « La prise en charge des jeunes diabétiques, qui s'est traditionnellement concentrée sur le diabète de type 1, devrait mettre davantage l'accent sur le diabète de type 2. De plus, des politiques de soins de santé efficaces en matière de dépistage, de diagnostic précoce et de traitement contribueront à lutter contre l'augmentation future des maladies cardiovasculaires dans cette population à haut risque de plus en plus fréquente chez les jeunes. »

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    JDF