Neurologie

Caféine : effet positif démontré sur l’hippocampe et la mémoire

Les résultats d'une étude INSERM montrent de quelle manière la caféine agit au niveau moléculaire sur l’hippocampe et pourrait ainsi améliorer la mémoire. Ce qui relance la question : prescrira-t-on bientôt du café pour améliorer ou traiter les troubles de la mémoire ?

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  • 04 Jul 2022
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    Plus de 8 Français sur 10 consomment du café. Ce sont donc possiblement autant de personnes qui vont être ravies d'apprendre qu'une équipe INSERM a découvert de nouveaux mécanismes des effets du café sur la mémoire. On sait déjà par exemple qu'une consommation quotidienne aurait un effet bénéfique sur la mémoire et réduirait le risque de développer la maladie d'Alzheimer.

    Toutefois les changements moléculaires associés à l'impact de la caféine sur la mémoire sont méconnus notamment en cas de consommation régulière de café. C'est pourquoi des chercheurs INSERM de Lille et Strasbourg se sont associés pour les étudier. Pour l'occasion, des souris, le modèle expérimental de l'étude, se sont vues « servir » tous les jours pendant 2 semaines l'équivalent pour un humain de 3 tasses de café. Après quoi les chercheurs ont étudié les cellules de leur hippocampe, siège principal de la mémoire qui est affecté en cas de maladie d'Alzheimer.

    Les observations montrent, qu'en comparaison avec des souris n'ayant pas reçu de caféine, celles qui en ont consommé présentent une modification durable du fonctionnement moléculaire de leur hippocampe, ce qui « se traduit par une plus grande plasticité neuronale, susceptible de faciliter les apprentissages et améliorer la mémoire » explique le communiqué de presse INSERM dédié.

    Des modulations de voies métaboliques dans l'hippocampe

    Lors d'une tâche d'apprentissage, les chercheurs ont observé dans l'hippocampe des souris consommatrices de café une augmentation beaucoup plus forte de l'activité transcriptionnelle. L'activité transcriptionnelle étant le reflet du niveau d'expression des gènes dans la structure, on peut en déduire qu'il s'agit d'une des explications d'une meilleure mémorisation liée à la consommation de café.

    Sur le plan moléculaire, cela se traduit par la modulation de voies métaboliques dans les cellules non neuronales (les cellules gliales) et dans les neurones, qui toutes deux, s'activent davantage en situation d'apprentissage chez les souris ayant consommé régulièrement de la caféine. En résumé, « la caféine [agirait] comme facilitateur de réponse de l'hippocampe à une tâche mnésique », conclut David Blum, le directeur de recherches de l'INSERM.

    Des effets durables du café sur l'hippocampe

    L'épigénétique correspond au changement dans l'activité des gènes sans modification de la séquence ADN. Il s'agit de modifications chimiques de protéines fixées sur l'ADN, qui modulent l'expression des gènes. Les modifications sont alors durables car elles peuvent être transmises lors de divisions cellulaires.

    Elles sont par contre réversibles car contrairement aux mutations, elles n'affectent pas la séquence d'ADN. C'est, entre autres, par le biais de ces modifications épigénétiques que les effets de la caféine peuvent s'avérer durables : « la caféine laisse bien des traces moléculaires à long terme dans l'hippocampe, notamment sur le plan épigénétique » peut-on lire dans le communiqué

    Du café comme traitement ?

    Faut-il traiter les patients atteints de la maladie d'Alzheimer en leur prescrivant des tasses de café ? Les résultats de cette recherche ne permettent évidemment pas de le conclure. Par contre, un essai thérapeutique également mené à Lille pourrait amener à cette préconisation.

    L'étude CAFCA, a en effet comme objectif d'évaluer l'effet d'un traitement de 30 semaines par caféine sur la cognition dans la maladie d'Alzheimer débutante à modérée. Il faudra par contre patienter car les résultats ne sont prévus avant novembre 2024.

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    JDF