Onco-digestif

Cancer colorectal : un lien microbien avéré avec le régime de type occidental

Une étude est en faveur du rôle cancérigène de certaines bactéries Escherichia coli intestinales portant la séquence polykétide synthase (pks+) qui code une enzyme de la colibactine dont il a été démontré qu'elle provoque des mutations dans les cellules humaines.

  • Lisovskaya/istock
  • 28 Jun 2022
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    Une nouvelle étude montre qu'un régime alimentaire de type occidental, c’est-à-dire riche en viande rouge ou transformée, en sucre, en céréales et glucides raffinés, serait lié à une augmentation du risque de cancer colorectal par le biais d’une sur-représentation dans le microbiote intestinal d’une catégorie particulière d’Escherichia coli.

    L'équipe du du Brigham and Women's Hospital a recherché dans des cancers colorectaux des souches d’Escherichia coli intestinales portant une séquence génétique distincte connue sous le nom de polykétide synthase (pks+). La pks code pour une enzyme de la biosynthèse de la colibactine dont il a été démontré qu'elle provoque des mutations dans les cellules humaines.

    Au final, l'équipe a constaté que le régime alimentaire occidental était associé plus fréquemment à des tumeurs colorectales contenant des quantités élevées d'E. coli pks+, mais pas aux tumeurs contenant peu ou pas d'E. coli pks+. L’étude est parue dans la revue Gastroenterology.

    Association significative avec E. coli pks+

    L'association entre un régime alimentaire de type occidental et l'incidence du cancer colorectal est plus forte avec les tumeurs contenant des niveaux élevés de E. coli pks+ (p = 0,014).

    En analyse multivariée, le rapport de risque entre le tertile le plus élevé du score de l'alimentation occidentale par rapport au plus bas est de 3,45 (IC à 95% 1,53-7,78 ; p = 0,001) pour les tumeurs contenant des quantités élevées d’E. coli pks+; de 1,22 (0,57-2,63) pour les tumeurs contenant des quantités faibles d’E. coli pks+ et de 1,10 (0,85-1,42) pour les tumeurs ne contenant pas d’E. coli pks+.

    Le niveau de E. coli pks+ dans les tumeurs serait associé à un stade plus bas du cancer mais pas à la localisation de la tumeur, à une instabilité microsatellitaire ou aux mutations BRAF, KRAS ou PIK3CA.

    Plus de 134 000 participants

    Les chercheurs du Brigham and Women's Hospital ont examiné les données de plus de 134 000 participants de deux études de cohorte prospectives nationales sur l’alimentation aux États-Unis. Ils ont analysé les habitudes alimentaires ainsi que l'ADN des souches d'Escherichia coli trouvées dans plus de 1 000 tumeurs colorectales et ont trouvé un lien entre la concentration d’E. coli pks+ dans le microbiote et les tumeurs intestinales.

    Le score du régime occidental a été calculé à partir des données des questionnaires sur la composition des repas obtenus dans des enquêtes tous les quatre ans au cours du suivi de 134 775 participants dans deux études de cohorte prospectives nationales menées aux États-Unis. À l'aide d'une mesure par PCR quantitative, l’équipe de recherche a identifié l'ADN d'E. coli pks+ dans 1 175 tumeurs parmi 3 200 cas incidents de cancer colorectal survenus au cours du suivi.

    1ère étude avec un lien bactérie et cancer

    Ces résultats confortent l’hypothèse selon laquelle le régime alimentaire de type occidental augmenterait le risque de cancer colorectal via son impact sur la concentration des E. coli pks+ dans le microbiote intestinal. Selon ses auteurs ce serait la première étude à établir un lien entre un régime de type occidental et des bactéries pathogènes spécifiques avec le cancer.

    La prochaine question est de savoir quel composant exact du régime et du mode de vie occidentaux sont liés au microbiote contenant cette espèce bactérienne et au cancer colorectal.

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    JDF