Psychiatrie

Troubles des conduites alimentaires : mieux les repérer en médecine générale

Seulement la moitié des personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires accèdent à des soins spécialisés, faute, entre autres, d’un repérage correct. La journée mondiale de lutte contre ces troubles est l'occasion de refaire le point sur le rôle central du généraliste pour le repérage de ces troubles. 

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  • 03 Jun 2022
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    Hier avait lieu la deuxième Journée mondiale de lutte contre les troubles des conduites alimentaires (TCA). L'occasion pour la Fédération Française Anorexie Boulimie d'organiser une sensibilisation nationale sur ces troubles qui touchent près d'un million de personne en France. Parmi les objectifs, améliorer leur repérage précoce en formant notamment les professionnels de santé de premier recours.

    Un point essentiel lorsque l'on sait que la moitié des personnes atteintes n’accéderont jamais à des soins spécialisés, faute, entre autres, d'un repérage efficace. Un repérage et une prise en charge précoce permettent pourtant d'éviter certaines formes chroniques et de graves complications pouvant aller jusqu'au décès.

    En tant que professionnel de premier recours, le médecin généraliste joue un rôle central à ce niveau. Cette journée nous donne donc l'occasion de refaire le point sur le repérage des TCA en médecine générale. 

    Un repérage précoce et ciblé 

    L'HAS a publié en 2010 des recommandations pour la prise en charge de l'anorexie mentale complétées en 2019 par d'autres pour la prise en charge de la boulimie et l'hyperphagie boulimique. Elle recommande un repérage précoce et ciblé des populations à risque.

    Les adolescentes et jeunes femmes sont les plus touchées. Mais il faut garder en tête que 10% des anorexiques traités sont des hommes. Certaines pratiques professionnelles ou sportives nécessitant un contrôle du poids sont plus à risque. Parmi elles, on trouve le mannequinat, la gymnastique, la danse classique ou encore l'athlétisme, et ce d'autant plus en cas de pratique en compétition.

    Des antécédents familiaux de TCA, et des pathologies impliquant un régime comme le diabète de type 1 constituent également des situations à risque de TCA et doivent faire l'objet d'un dépistage. 

    Vigilance sur de multiples signes d'alerte    

    Au-delà du repérage d'une population cible, l'HAS insiste sur l'importance du repérage en consultation de signes d'alerte devant faire évoquer le diagnostic de TCA. Logiquement, tout signe d'appel en relation avec la gestion du poids doit amener à un dépistage plus spécifique : variations pondérales rapides sans cause organique, IMC inférieur à 18,5 kg/m², demande de régime amaigrissant, usage inapproprié de laxatifs ou diurétiques, ou encore l'évocation par l'entourage d'une inquiétude face au comportement alimentaire du patient.

    Moins évidentes, d'autres complications somatiques constituent également des signes d'alerte justifiant un dépistage : aménorrhée, infertilité, syndromes gastro-intestinaux ou problèmes dentaires inexpliqués. Ces pathologies peuvent aussi se révéler via des manifestations psychologiques telles que des troubles anxieux, addictions ou encore des tentatives de suicide. Enfin une hyperactivité physique et/ou un hyper-investissement intellectuel, fréquent en cas de TCA doivent aussi être considérés comme signes d'alerte.

    Les outils de dépistage

    Devant toute patiente appartenant à la population à risque et/ou présentant des signes d'alerte, un repérage spécifique doit être initié. L'HAS recommande alors de poser au cours de l'entretien une ou deux questions simples sur l'existence de TCA telle que « est ce que quelqu'un de votre entourage pense que vous avez un problème avec l'alimentation ? », « votre poids influence-t-il la façon dont vous vous sentez ? ».

    De manière plus formalisée, il est aussi possible d'avoir recours au questionnaire SCOOFF-F, où deux réponses positives sur les cinq questions posées, seront fortement prédictives d'un TCA. L'évaluation peut avoir lieu en plusieurs temps, permettant notamment d'instaurer une alliance thérapeutique entre le patient, les proches et le soignant, clé de voûte d'une prise en charge efficace dans ce type de pathologie. 

    Et après le repérage ?

    Une fois le repérage effectué, le médecin généraliste peut se positionner en médecin coordinateur des différents intervenants, la prise en charge étant multidisciplinaire. S'il ne s'en sent pas la compétence ou peine à établir une alliance thérapeutique, l'HAS recommande alors l'orientation vers un autre confrère pour une prise en charge spécifique.

    En attendant, un numéro dédié 0 810 037 037 peut être une ressource pour le patient, ses proches ainsi que le professionnel de santé.

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    JDF