Infectiologie

Lutte contre les infections : l'OMS appelle à investir davantage

L'Organisation Mondiale de la Santé publie le premier rapport mondial sur la lutte anti-infectieuse. Un combat sous-investi par la très grande majorité des pays du monde, alors qu'il pourrait permettre de sauver de nombreuses vies tout en réduisant les dépenses de santé.

  • Eugene Nekrasov/istock
  • 17 Mai 2022
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    « La pandémie de COVID-19 a révélé de nombreux problèmes et lacunes en matière de lutte anti-infectieuse dans toutes les régions et tous les pays, y compris ceux qui avaient les programmes de lutte anti-infectieuse les plus avancés » déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS pour accompagner la présentation du tout premier rapport mondial sur la lutte anti-infectieuse. Celui-ci fournit une analyse de la mise en œuvre des programmes de lutte anti-infectieuse dans le monde entier et traite de leur impact, de leur rentabilité et des stratégies et ressources dont les pays disposent pour les améliorer.

    Une amélioration nécessaire lorsque l'on lit les chiffres cités par l'OMS en termes d'infections nosocomiales : dans les hôpitaux de soins aigus, sur 100 patients, 7 dans les pays à revenus élevé et 15 dans les pays à revenus faible ou intermédiaire contractent au moins une infection nosocomiale et un patient sur 10 succombe à cette infection. Des taux de décès qui peuvent être multipliés par 2 ou 3 en cas de résistance aux anti-microbiens. En France, les infections associées aux soins sont la quatrième cause la plus fréquente de décès à l'hôpital.

    Des constats inquiétants sur la lutte anti-infectieuse dans le monde

    Des enquêtes mondiales réalisées par l'OMS sur les cinq dernières années, ressortent des constats plutôt inquiétants. Entre 2017-2018 et 2020-2021, il n'y a pas eu d'évolution du nombre de pays ayant un programme national de lutte anti-infectieuse. En outre, seulement 15% des établissements médicaux se conforment à toutes les exigences minimales en matière de lutte anti-infectieuse.

    L'espoir d'améliorations toutefois existent, car le rapport souligne aussi des progrès encourageants dans la lutte mondiale contre les infections. Parmi eux : l'augmentation du nombre de pays ayant un coordonnateur et un budget consacré à la question ou encore un plan national de surveillance dans ce domaine. Et surtout les gouvernements semblent motivés à agir « Beaucoup de pays se montrent résolus à agir à plus grande échelle pour instaurer les exigences minimales et les éléments essentiels des programmes de lutte anti-infectieuse et progressent sur cette voie », peut-on lire. Des progrès qui concerneront à priori plutôt les pays à revenus élevés comme le précise l'OMS « ceux-ci ont huit fois plus de chances d’être parvenus à un stade avancé dans ce domaine que les pays à faible revenu ».

    Éviter facilement et à faible coût, 70% des infections nosocomiales

    Les données chiffrées citées par l'OMS sont parlantes en termes de bénéfices. Le rapport montre en effet qu'une bonne hygiène des mains et en suivant d'autres pratiques efficaces et à faible coût, on peut éviter 70% des infections nosocomiales. Voilà de quoi motiver leur mise en œuvre en termes de santé de la population.

    Et même au-delà de cet objectif, l'OMS insiste sur bénéfice économique de la mise en place de programmes efficaces de lutte anti-infectieuse « il a été montré que de plus grands investissements dans la lutte anti-infectieuse amélioraient les résultats sanitaires et réduisaient les coûts de santé et les dépenses directes pour les patients ».

    L'OMS appelle à davantage d'investissements

    L'OMS « appelle tous les pays du monde à consacrer davantage d’investissements aux programmes de lutte anti-infectieuse afin de garantir la qualité des soins ainsi que la sécurité des patients et des agents de santé ». En France, cela passe par la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l'antibiorésistance  présentée en début d'année par le gouvernement.

    A l'occasion de sa présentation, Olivier Véran rappelait « chacun est concerné, chacun peut agir à son niveau ». Pour les professionnels de santé, cela commence par une hygiène rigoureuse des mains et un bon usage des antibiotiques

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    JDF