Médecine générale

Orléans : la création d'une antenne de la faculté de médecine de Zaghreb fait polémique

La mairie d'Orléans annonçait la semaine dernière la création d'une antenne de la faculté de médecine de Zaghreb pour former des étudiants français dans cette ville qui recherche désespérément à attirer des médecins généralistes. Le projet fait l'objet d'une vive polémique depuis son annonce.

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  • 07 Fév 2022
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    Pour le maire d'Orléans Serge Grouard, c'était « une question de vie ou de mort ». En ces termes, il parle de l'initiative inédite en France, que la ville a lancée : la création à Orléans d'une antenne de la faculté de médecine croate. A partir de la rentrée de septembre, 50 étudiants pourront suivre le cursus croate, essentiellement à distance et en anglais pour obtenir un diplôme médical reconnu dans toute l'Europe.

    La ville prévoit un soutien financier pour les étudiants compte tenu de frais de scolarité de l'ordre de 5000 à 10 000 euros par an. En échange de ce soutien, les étudiants s'engagent à s'implanter à Orléans pour une durée d'au moins 5 ans.

    Un remède original à la pénurie de médecins généralistes dont souffre cette ville. Le projet, fait l'objet depuis son annonce d'une vive polémique notamment de la part des présidents d'université de France et des doyens des facultés de Médecine. Un bras de fer semble se préparer.

    Un objet pseudo-universitaire non identifié 

    Bien sûr compte tenu du désert médical de la région, l'intention ne peut être critiquée. Les présidents d'université de France déclare dans un communiqué quelques jours après l'annonce : « l’intention d’augmenter l’offre de soins dans un territoire manquant de professionnels de santé est louable ». Soit, un encouragement. Mais c'est bien le seul du communiqué. Car les présidents s'insurgent que les tractations se soient effectuées sans concertation avec les instances compétentes et parlent d'un « objet pseudo-universitaire non identifié ».

    Selon eux cette absence de concertation mènera le projet à l'échec. « L’absence de concertation préalable avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le Ministère des Solidarités et de la Santé, et l’absence de conventions signées avec les universités et les établissements de santé concernés condamnent par avance le dispositif ». Une critique à laquelle la mairie d'Orléans semblait préparée évoquant dans le communiqué d'annonce du projet d'un « engagement fort, bordé juridiquement ».

    Un mépris quant à l'exigence de qualité de la formation médicale

    Les détracteurs condamnent aussi le projet sur le plan de la qualité de la formation. Les doyens des facultés de Médecine, qui dans un communiqué se sont dit « profondément choqués » par l'initiative parlent d'un « mépris […] quant à l'exigence de qualité de la formation médicale ».

    Une critique partagée par les présidents d'université de France, qui vont plus loin et estiment que le diplôme ne sera pas reconnu en France. « Le projet de la ville d'Orléans est un double leurre : auprès des jeunes, qui ne pourraient pas exercer sur le sol français, et auprès de la population du territoire, qui ne pourra pas, in fine, de bénéficier d’une meilleure offre de soins ». Une critique étonnante puisque le diplôme de médecin croate, comme tous ceux des pays membres de l'Union Européenne, est reconnu en France et permet d'y exercer à la seule condition de parler français, ce qui sera le cas d'étudiants venant d'Orléans !

    Pour ce qui est de la qualité de la formation, la critique est plus entendable, car même si la mairie parle d'une université « High Quality », on peut se demander si la formation dispensée en anglais et à distance formera des médecins aussi compétents que ceux ayant suivi leur cursus dans les facultés françaises.

    Un débat qui ravive une ancienne bataille perdue par la mairie d'Orléans

    Une bataille médiatique et juridique s'annonce sur ce sujet houleux. Bien que la mairie annonce l'ouverture de l'antenne à la rentrée prochaine, l'initiative n'est pas sans rappeler la prépa MOZ (pour « Médecine Orléans Zaghreb ») qui avait fait l'objet de critiques similaires et n'avait finalement jamais vu le jour.

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    JDF