Pneumologie

Tabac et BPCO : influence de la génétique

Nous ne sommes pas égaux devant le tabac : selon notre score génétique nous risquons une forme plus ou moins sévère de BPCO. Une étude très bien menée a montré une interaction entre certains gènes et le risque de développer une BPCO, chez le fumeur. D’après un entretien avec Isabella ANNESI-MAESANO.

  • 27 Jan 2022
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    Une étude de cohorte, dont les résultats sont parus en janvier 2022 dans le JAMA Network Open, a cherché à évaluer l’interaction entre le tabagisme et le score de risque polygénique associé au développement d’une BPCO.  Pour cela, des patients britanniques issus de la UK Biobank ont été inclus et leurs données analysées entre juillet 2020 et mars 2021. Ils étaient tous âgés de 40 à 69 ans. Au total, près de 320 000 sujets ont été inclus et près de 25 000 d’entre eux étaient atteints de BPCO modérée à sévère, soit environ 8%. Les hommes représentaient 44% des sujets inclus, avec un âge moyen de 56,5 ans. Ils étaient fumeurs, non-fumeurs ou anciens fumeurs et ont bénéficié d’une évaluation de leur risque génétique estimé à risque de voir se développer un déclin de la fonction pulmonaire.

    Une étude de très bonne qualité

    Le professeur Isabelle ANNESI-MAESANO, directrice de recherche à l’INSERM de Montpellier et professeur d’épidémiologie environnementale, rappelle que le tabagisme est le principal facteur de risque de développer une BPCO mais qu’il persiste une interrogation sur les raisons pour lesquelles certains sujets vont être atteints de BPCO et d’autres non, à tabagisme égal. Certains fumeurs semblent être protégés. Elle félicite donc les auteurs de ce travail qui ont étudié les interactions ente la génétique et les habitudes tabagiques et souligne la qualité de cette étude, marquée par l’excellence de sa méthodologie. En effet, d’autres études s’étaient auparavant penchées sur ce sujet mais la meilleure façon a été celle de ce travail, qui a élaboré un score de risque polygénique. Isabella ANNESI-MAESANO remarque que ce score a déjà été présenté par l’ERS avant l’épidémie du COVID. Ce score a ensuite été comparé au score du déclin de la fonction respiratoire. Le tabagisme a été considéré de trois façons différentes : en paquets-années, en fumeur/ non-fumeur et en fumeur/ ex-fumeur.  Dans chaque groupe, une diminution du rapport VEMS/CV a été observée mais avec une interaction significativement plus forte entre le score génétique et le score de déclin dans le groupe évalué en paquets-années.

    Des résultats probants, malgré quelques limites

    Isabella ANNESI-MAESANO précise que, comme beaucoup d’études, celle-ci présente quelques limites malgré sa qualité. Il s’agit d’une étude transversale, qui n’a pas pris en compte les variations des habitudes tabagiques des sujets, dans le temps. Il s’agit plutôt d’une photographie à un instant T. De plus, les données concernant le tabagisme sont celles rapportées par les sujets avec tous les risques d’imprécision que cela comporte et l’étude des autres facteurs de risque de BPCO, à savoir la pollution atmosphérique et l’exposition professionnelle, n’a pas été réalisée. Isabella ANNESI-MAESANO exprime l’engouement général pour la génétique pour comprendre certains phénomènes et explique qu’il existe des variants connus, liés à la fonction respiratoire mais aussi des variants liés au tabac et que dans certains cas ces variants sont les mêmes.

    En conclusion, la grande qualité de ce travail permet d’avancer dans la compréhension des inégalités des sujets fumeurs face à la BPCO en expliquant le rôle de la génétique dans ce phénomène. Toutefois, des précisions sont encore à apporter...

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    JDF