Dermatologie
Psoriasis cutané : possible supériorité du blocage combiné IL-17A et IL-17F
Un double blocage des interleukines 17A / 17F semble plus efficace pour le blanchiment d’un psoriasis cutané modéré à sévère mais s’accompagnerait de plus de candidoses orales.
- Irina Gulyayeva/istock
Dans le traitement du psoriasis cutané modéré à sévère, la double inhibition des interleukines IL-17A et IL-17F par le bimékizumab semble supérieure à l'inhibition isolée de l’IL-17A par le sécukinumab. La tolérance générale est globalement similaire mais le bimékizumab semble associé à plus de candidoses orales.
BE RADIANT est un essai randomisé de non infériorité, de phase 3b, dans le psoriasis cutané modéré à sévère, qui a comparé le bimékizumab, un inhibiteur des interleukines IL-17A et IL-17F, au sécukinumab, un inhibiteur sélectif de l'interleukine-17A. L’étude de 48 semaines est publiée dans le New England Journal of Medicine.
Un PASI 100 chez près des 2/3 des malades
À la semaine 16, un total de 230 patients (61,7%) dans le groupe bimékizumab et 181 (48,9%) dans le groupe sécukinumab ont une réduction de 100% du score PASI (PASI 100) (différence de risque ajusté, 12,7 points de pourcentage IC à 95%, 5,8 à 19,6). Le bimékizumab est donc non inférieur et même supérieur au sécukinumab (p<0,001 ; pour la non-infériorité et la supériorité).
À la semaine 48, un total de 250 patients (67%) traités par le bimékizumab ont une réponse PASI 100, par rapport à 171 patients (46,2%) traités par le sécukinumab (différence de risque ajusté, 20,9 points de pourcentage ; IC à 95 %, 14,1 à 27,7 ; p<0,001).
Une candidose orale est survenue plus souvent dans le groupe bimékizumab (72 patients, 19,3%) que dans le groupe sécukinumab (11 patients, 3%).
Une étude de non-infériorité
Dans cet essai de phase 3b, des patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère ont été randomisés dans un groupe bimékizumab (dose de 320 mg sous-cutané toutes les 4 semaines) ou un groupe sécukinumab (dose de 300 mg sous-cutané par semaine jusqu'à la semaine 4, puis toutes les 4 semaines jusqu'à la semaine 48).
A la semaine 16, les patients du groupe bimékizumab ont été à nouveau randomisés, pour recevoir une dose d'entretien toutes les 4 semaines ou toutes les 8 semaines jusqu'à la semaine 48. Le critère d'évaluation principal était la réduction de 100% du score PASI (Psoriasis Area and Severity Index) par rapport au début de l'étude à la semaine 16.
Un anticorps bivalent
Le bimékizumab est un anticorps IgG1 monoclonal qui inhibe sélectivement les interleukines 17A et 17F. Les isoformes de l'interleukine-17, l'interleukine-17A et l'interleukine-17F, sont impliquées dans la physiopathologie du psoriasis et sont surexprimées dans les tissus psoriasiques d’après les auteurs.
Certaines données indiquent que l'interleukine-17F contribuerait indépendamment à la pathogénie du psoriasis en plaques et que le blocage de l'interleukine-17A et de l'interleukine-17F pourrait entraîner une suppression plus complète de l'inflammation cutanée.
Une série d’essais
Dans les essais de phase 3 chez des patients atteints de psoriasis cutané modéré à sévère : BE READY, BE VIVID, et BE SURE, le bimékizumab a été associé à des améliorations cliniques plus importantes qu’un placebo, que l’ustekinumab (un inhibiteur de l'interleukine-12/23) et que l’adalimumab (un anti-TNF), mais il a été également associé à une incidence plus élevée de candidoses orales.
Dans l'essai de phase 3b BE RADIANT, le bimékizumab, un anti-IL17A/F se révèle non-inférieur et même statistiquement supérieur au sécukinumab, un anti-IL17A sélectif, pour la disparition complète des lésions psoriasiques après 48 semaines de traitement.
Intérêt potentiel de la double inhibition dans le psoriasis
Ces données suggèrent que la double inhibition de l’IL-17A et de l’IL-17F par le bimékizumab pourrait apporter un plus grand bénéfice clinique aux patients atteints de psoriasis cutané en plaques, modéré à sévère, que l'inhibition sélective de la seule interleukine-17A. Ce résultat suggère que les effets anti-inflammatoires du bimékizumab pourraient reposer, en partie, sur la composante anti-interleukine-17F.
Les candidoses buccales et oropharyngées ont été plus fréquentes avec le bimékizumab qu'avec le sécukinumab, ce qui serait cohérent avec les contributions respectives de l'interleukine-17A et de l'interleukine-17F dans la protection de l'hôte contre les infections à candida au niveau de la muqueuse buccale, et avec les observations des études précédentes sur le bimékizumab.
Dans l'essai BE RADIANT, sur un peu plus de 700 malades, un cas de colite ulcéreuse a été signalé avec le bimékizumab et un avec le sécukinumab.
Une étude avec quelques limites
L'une des limites de cet essai est l'absence d'un groupe témoin sous placebo. C’est un peu embêtant pour évaluer la pertinence des résultats même si le pourcentage de patients ayant eu une réponse au bimékizumab est du même ordre que celui des études précédentes contrôlées versus placebo comme l’étude BE READY ou BE ACTIV.
Ce point est d’autant plus important que les patients de cette étude BE RADIANT avaient été exclus s'ils n'avaient pas répondu à un traitement antérieur par un agent biologique anti-interleukine-17 ou par plus d'un agent biologique d'une autre classe dans les 12 semaines précédente. Ceci peut clairement obérer la généralisation de ces résultats aux malades souffrant de psoriasis en plaque de la vie réelle. Reste à savoir si cette amélioration du contrôle de l’inflammation dans peau par la double inhibition 17A/17F, se double réellement d’un meilleur contrôle de l’inflammation dans les articulations et les enthèses du rhumatisme psoriasique, comme certaines études précliniques ou cliniques (critère secondaire) le laissent supposer, avec une amélioration des scores ACR ou ASAS








