Une étude avec une volumineuse cohorte permet de donner une large idée de l’épidémiologie de l’empyème pleural et de déterminer les facteurs de risque de sa mortalité. D’après un entretien avec Marco ALIFANO.

Une étude française, dont les résultats sont parus en avril 2021 dans Thorax, a cherché à évaluer l’incidence de l’empyème pleural ainsi que ses facteur pronostic, en matière de risque de mortalité. Pour cette étude épidémiologique, les auteurs ont récupéré les données du PMSI sur cinq années, de janvier 2013 à décembre 2017. Ils ont pu extraire, au total, plus de 25 000 hospitalisations pour empyème pleural et ainsi déterminer année par année, l’évolution de l’incidence de la maladie. Ils ont pu relier les différents séjours d’un même patient par chaînage et renseigner une cinquantaine d’items cliniques et médico-administratifs.

Un suivi de l’évolution de la maladie sur une volumineuse cohorte

Le professeur Marco ALIFANO, chef du service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire de l’hôpital Cochin, et co-auteur de ce travail, explique que cette étude concerne les infections pleurales bactériennes à la fois post-chirurgicales, associée à un cancer et communautaires, conséquences d’une pneumonie. Les 25000 dossiers inclus dans l’étude, sont donc issus du PMSI et concerne uniquement la prise en charge hospitalière de la maladie. L’évolution année par année a montré que son incidence augmentait avec les temps pour atteindre 7,15 nouveaux cas pour 100 000 habitants, par an. Les caractéristiques cliniques des patients ont été pré-identifiées : ceux qui ont eu une chirurgie thoracique préalable, ceux qi sont atteints d’un cancer et ceux qui n’ont ni l’une ni l’autre de ces deux caractéristiques. Marco ALIFANO souligne que ces trois groupes de patients ont des caractéristiques différentes, de manière significative.

Déterminer le risque de mortalité

Marco ALIFANO souligne que les résultats de cette étude ont montré que la mortalité liée à un empyème pleural était plus importante chez les sujets atteints de cancer associé ou ayant un antécédent de chirurgie thoracique. Dans le groupe de patient n’ayant ni cancer ni chirurgie préalable, la mortalité a été de 10%. Marco ALIFANO explique les facteurs associés à la mortalité ont été analysés. Il s’agit de l’âge, d’un index de co-morbidités de Charlson supérieur à 3, de la consommation d’alcool, de l’hypertension artérielle, de l’hyperlipidémie, de la présence d’athérome, d’un antécédent de fibrillation auriculaire et d’un performans status supérieur à 3. Pour lui, ces résultats donnent une vision globale de l’incidence et des facteurs pronostics de l’empyème pleural, en fonction de sous-groupes de patients identifiés.

En conclusion, cette étude est le premier travail effectué avec un effectif de dossiers inclus aussi important, ce qui permet de donner une idée large de l’épidémiologie de l’empyème pleural, dont l’incidence augmente avec le temps, et les facteurs pronostics diffèrent selon les catégories de patients.