Santé publique

Vaccination anti-Covid : la Haute Autorité de Santé se défend

Dominique Le Guludec, la présidente de la Haute Autorité de Santé (HAS), a justifié l'incroyable lenteur vaccinale française par l’absence de données sur l’efficacité du vaccin. Une réunion se tient cet après-midi à l’Élysée pour faire un point sur la stratégie.

  • 04 Janvier 2021
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    Dans ce début de campagne vaccinale, la France est à la traîne et est la risée de l'Europe. Avec à peine plus de 500 vaccins réalisés la première semaine, l’Hexagone est bien loin des États-Unis et de la Chine qui ont chacun injecté plus de 4 millions de doses.

    En Europe, la Grande-Bretagne, qui vient de commencer à utiliser le vaccin développé par AstraZeneca et Oxford, approche du million de personnes vaccinées sans problème, tandis que l’Allemagne a injecté près de 240 000 doses et que l’Italie a dépassé les 100 000 doses vaccinales en une semaine.

    En France, il faut discuter et expliquer, faire signer un consentement et donner 4 jours pour se rétracter... le "barnum" administratif franco-français habituel qui nous a déjà tant pénalisé au cours de cette épidémie.

    Le vaccin étendu au personnel soignant de plus de 50 ans

    La présidente de la Haute autorité de santé (HAS), Dominique Le Guludec, a confirmé ce matin à BFM TV le maintien de la stratégie de vacciner en priorité “ceux qui en ont le plus besoin”. “Il faut garder son calme et garder les priorités”, a-t-elle ajouté en réponse aux critiques sur la lenteur vaccinale. Si on vaccine beaucoup mais pas les bons, on va mettre des mois à diminuer les hospitalisations et les décès.”

    Un disciouurs en décalage avec l’accélération de la stratégie décidée au plus haut niveau de l'Etat. Dès aujourd’hui, la possibilité vaccinale s’étend au personnel soignant de plus de 50 ans. Par ailleurs, une réunion vaccin est prévue cet après-midi à l’Élysée en compagnie d’au moins Jean Castex et d’Olivier Véran pour faire un point sur la stratégie vaccinale qui pose de plus en plus questions. Cette semaine devrait également voir la HAS rendre son avis sur le vaccin développé par Moderna. Des centres de vaccination en ville devraient également voir le jour début février.


    Limiter les décès et réduire les hospitalisations

    Du côté de la Haute Autorité de Santé, la prudence actuelle se justifierait par le manque de données sur le vaccin. “Nous ne savons pas aujourd'hui si ce vaccin empêche de transmettre le virus, a indiqué sa présidente. Vacciner les gens non-à risque, l'intérêt c'est d'arrêter la transmission. Or aujourd'hui, nous n'avons pas ces données, nous ne savons absolument pas si ce vaccin protège d'être contagieux.” À ce manque d’informations s’ajoute la priorité mise sur la diminution des hospitalisations et des décès qui justifie de vacciner d’abord les personnes en Ehpad qui ne réprésentent qu'un tiers des décès.

    Je comprends tout à fait l'impatience, a concédé Dominique Le Guludec. Les choses vont venir, mais il faut se rappeler le principe de cette priorisation et pourquoi elle a lieu, c'est extrêmement important. Les Français doivent savoir que nous travaillons là-dessus depuis janvier. On sait que dans les premiers mois, il n'y a pas de vaccin pour tout le monde. Et quel est notre but majeur ? Notre but majeur c'est diminuer les décès, c'est de diminuer les hospitalisations.”

    On retrouve dans ce discours toute les caractéristiques d'un personnel administratif décroché des contraintes du terrain et qui se tient à son plan préparé de longue date (logique sur le fond) mais qui ne tient pas compte des contraintes liées au seul vaccin actuellement disponible (il doit être administré à proximité d'un super-congélateur à -80°C et il y en 100 seulement en France, dont 20 attendent encore leur autorisation !).

    Le contraste avec l'Allemagne, qui est prête depuis novembre 2020 est frappant. Pourquoi vouloir faire moins bien que les autres en Europe ? Pourquoi réinventer l'eau chaude ? Pourquoi ne pas vacciner en priorité tous les soignants ? Cela éviterait au moins des carences dramatiques de personnel soignant dans les hôpitaux en pleine pandémie.

    Les ministres changent mais, après l'affaire des masques "inutiles", celle des tests pas assez nombreux (puis trop nombreux et faits chez n'importe qui) et maintenant celle de la vaccination, la haute fonction publique et l'administration française, avec ses multiples strates et ses multiples agences, nous désespèrent une fois de plus.

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