Diabétologie
Coronavirus : impact du diabète sur le COVID-19
Le diabète semble être un facteur de risque d’infection par le SARS-CoV-2, et un facteur pronostic de forme grave, mais les données restent parcellaires.
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Deux nouvelles études viennent étoffer la littérature concernant le profil des patients infectés par le SARS-CoV-2 et l’évolution de la maladie, provenant des épicentres chinois et italiens, incluant 174 patients hospitalisés à Wuhan en Chine, et 146 patients à Padoue en Vénétie. Alors que l’étude chinoise rapporte une prévalence plus importante de marqueurs inflammatoires sériques chez les patients diabétiques même en l’absence d’autre co-morbidités, l'étude italienne conclue que les patients diabétiques ne sont pas plus à risque d’avoir le COVID-19, mais sont plus exposés aux formes sévères conduisant au décès.
Le diabète lié plutôt au risque de décès en Italie
Dans l’étude italienne, 8,9 % des patients hospitalisés pour COVID-19 ont un diabète, comparés à 6,2 % de la population en Vénétie. Toutefois, cette différence régresse, voire s’inverse, lorsque l’âge est pris en compte : en considérant la moyenne d’âge de 63 ans pour les patients diabétiques hospitalisés, cette prévalence de 8,9 % est à comparer à celle de 11 % dans la tranche d’âge 55-75 ans dans la même région. Dans la limite du faible effectif (13 patients diabétiques seulement), le diabète n’apparaît donc pas comme un facteur de risque d’hospitalisation pour COVID-19.
En revanche, l’analyse diffère pour le risque de décès. En raison du faible effectif de leur cohorte, les auteurs ont alors analysé des données nationales. Il est important de noter que les données de co-morbidités n’étaient disponibles que pour 355 individus sur 2.003 patients décédés du COVID-19 au 17 mars. Parmi ces 355 individus, 36 % étaient diabétiques, comparés à 20 % dans une population italienne d’une même tranche d’âge (médiane de 80 ans), soit un odd-ratio de 1,75.
Des résultats toujours difficiles à interpréter
Dans l’étude Chinoise, 37 individus diabétiques sont comparés à 137 individus non diabétiques, avec une moyenne d’âge relativement proche (61 vs 58 ans respectivement). Dans cette cohorte, la différence de mortalité, 11 % vs 4 %, n’est pas statistiquement significative en raison du faible effectif (4 et 5 décès respectivement).
Les patients diabétiques étant plus sévère (par exemple, une cardiopathie est présente chez 32 % des diabétiques, contre seulement 15 % chez les non-diabétiques), la sévérité de l’infection pourrait être expliquée par la présence de co-morbidités, le diabète n’étant alors qu’un simple marqueur de risque. Afin d’éviter ce possible biais, une autre analyse a été réalisée, en n’incluant que 26 diabétiques et 50 contrôles ne présentant aucune autre co-morbiditée connue : la différence de mortalité, de 17 % vs 0 % respectivement (soit 4 et 0 patients), est alors rapportée comme statistiquement significative. Toutefois, cette seconde analyse a conduit à une différence d’âge importante entre les deux groupes ainsi formés : 61 ans pour le groupe diabétique, contre seulement 32 ans pour le groupe non-diabétique, créant donc un biais d’analyse majeur et limitant la portée de ce résultat.
Une inflammation plus marquée chez les diabétiques ?
Dans l’étude Chinoise, de nombreux dosages de marqueurs inflammatoires ont pu être réalisés, incluant NFS, CRP, fibrinogène, interleukine 6. Plusieurs marqueurs sont rapportés plus élevés chez les diabétiques, une réponse inflammatoire plus marquée pouvant être associée à un risque plus important de forme sévère. Toutefois, les différences portant sur les marqueurs autres que la NFS n’apparaissent uniquement dans l’analyse des groupes sans autre co-morbidité, biaisés par la différence d’âge majeure.
En revanche, il apparaît probable que cette infection conduit à une détérioration de l’équilibre glycémique. Ainsi, 38 % des patients sous anti-diabétiques oraux avant leur hospitalisation sont retournés au domicile avec un traitement incluant de l’insuline.
Des études plus larges toujours nécessaires
Si le diabète apparaît souvent comme associé à une forme plus sévère de COVID-19, avec un risque de décès majoré, des analyses plus fines restent difficiles à réaliser, principalement en raison du manque de recueil de données précises sur un assez grand nombre d’individus. D’autres études sont en cours, afin de mieux préciser si le diabète en soi, l’équilibre glycémique pré-infectieux, ou simplement les co-morbidités associées au diabète, peuvent influencer le pronostic de cette maladie récente. Ces éclairages sont indispensables afin de mieux conseiller nos patients diabétiques, surtout devant l’incertitude de l’évolution de cette épidémie dans les prochains mois.
Par mesure de précaution devant l’insuffisance des données publiées, les patients diabétiques, de type 1 ou de type 2, continuent d’être identifiés par l’Assurance Maladie comme « vulnérables », avec une recommandation de télétravail, ou à défaut un arrêt de travail.








