Cardiologie
Fibrillation atriale : la réduction de la consommation d’alcool diminue le risque de récidive
Chez des malades souffrant de fibrillation atriale, paroxystique ou permanente, modérée et consommant de l’alcool, l’arrêt de l’imprégnation alcoolique réduit les épisodes d'arythmie. L’alcool est donc bien un facteur de facteur de risque important et modifiable de la FA.
- Shidlovski
Le « Dry January » est une bonne idée et sa poursuite chez les adultes souffrant de fibrillation atriale serait une très bonne stratégie pour cette maladie. La consommation excessive d'alcool est, en effet, associée à une fibrillation atriale et à un remodelage auriculaire péjoratif.
Face à ce constat, une équipe australienne a mené un essai multicentrique, prospectif, ouvert, et randomisé évaluant l’impact de la réduction de la consommation d’alcool sur la fibrillation atriale. Au cours du suivi de 6 mois, la survie sans épisode de fibrillation atriale paroxystique a été prolongée de façon significative et le fardeau de la fibrillation atriale a été réduit de façon également significative dans le groupe abstinence. L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.
Une étude prospective
Les adultes qui consommaient au moins 10 verres standardisé d d’alcool (dont une boisson standardisée contenant environ 12 g d'alcool pur) par semaine et qui avaient une fibrillation atriale paroxystique ou persistante, ont été tirés au sort entre abstention et réduction de la consommation d'alcool ou poursuite de leur consommation habituelle.
Un total de 70 patients du groupe abstinence d'alcool ont réussi à réduire leur consommation d'alcool d'une moyenne de 16,8±7,7 verres standard par semaine à 2,1±3,7 par semaine (réduction de 87,5%). L'abstinence complète a été atteinte par 61% des patients de ce groupe. Dans le même temps, 70 patients assignés au groupe témoin ont réduit leur consommation de 16,4±6,9 à 13,2±6,5 verres standard par semaine (réduction de 19,5%).
Réduction de 38% des épisodes
Après une période de suppression de deux semaines, la fibrillation atriale est réapparue chez 37 des 70 patients (53%) du groupe abstinence et chez 51 des 70 patients (73%) du groupe témoin. La période avant la récidive de la fibrillation atriale a été plus longue dans le groupe abstinence que dans le groupe témoin (RR = 0,55 ; intervalle de confiance à 95%, 0,36 à 0,84 ; P = 0,005).
Le fardeau de la fibrillation auriculaire sur une période de suivi de 6 mois est significativement plus faible dans le groupe d'abstinence que dans le groupe témoin (pourcentage médian du temps de fibrillation auriculaire, 0,5% [intervalle interquartile, 0,0 à 3,0] vs 1,2 % [intervalle interquartile, 0,0 à 10,3] ; P=0,01).
L'abstinence est également associée à une légère réduction de poids (3,7 kg), ainsi qu'à une réduction de la tension artérielle systolique et diastolique.
L’alcool est un facteur de risque modifiable
Les résultats de cet essai confirment que l'alcool est un important facteur de risque modifiable de la fibrillation atriale. Cependant, l'échantillon est de petite taille et la grande majorité des participants sont des hommes (85 %). Par ailleurs, la consommation d'alcool par semaine au début de l'étude était modérée à élevée et le fardeau global de la fibrillation auriculaire est assez faible (<2 %), et la durée totale du suivi n’est que de 6 mois.
Surtout, il n’est pas sûr que l'abstinence puisse être maintenue sur le long terme. Il est, en effet, important de souligner que le comité de supervision de l’étude a révisé le protocole et a raccourci la durée du suivi à 6 mois au lieu des 12 mois prévus, en raison des difficultés à recruter des participants qui étaient prêts à s'abstenir de consommer de l'alcool pendant 12 mois.
Le fardeau de la FA
La fibrillation auriculaire est l'arythmie cardiaque la plus courante. Elle est associée à une morbidité importante, y compris un risque accru d'accident vasculaire cérébral et de décès, et sa prévalence devrait doubler au cours des quatre prochaines décennies.
Les facteurs de risque modifiables de la FA comprennent l'hypertension, l'obésité, le diabète, l'apnée du sommeil, les modes de vie sédentaires et la consommation d'alcool. Des études ont montré qu'une stratégie de perte de poids soutenue (plus de 10 % du poids corporel) est associée à une réduction de la pression artérielle, à un meilleur contrôle de la glycémie, à une normalisation du profil lipidique et à une réduction du fardeau ou de la récurrence de la fibrillation atriale en l’absence même de médicaments anti-arythmiques ou d’ablation.
Une consommation modérée ou élevée d'alcool est, par ailleurs, fortement associée à la fibrillation atriale chez les hommes et les femmes, et Il semble y avoir un effet proportionnel à la dose, un verre par jour étant associé à un risque accru de 8 % de fibrillation atriale incidente.








