Pneumologie
Asthme du sujet âgé : plus il est polymédiqué, moins son pronostic est bon
Le risque d’exacerbation, d’asthme mal contrôlé ou de baisse de la qualité de vie est plus important chez les sujets asthmatiques « allergiques » ou « métaboliques ». D’où la nécessité d’une prise en charge plus globale et personnalisée. D’après un entretien avec Valérie Siroux et Sébastien Chanoine.
- curtoicurto/istock
L’asthme a souvent été considéré comme une maladie infantile ; or 6 à 7% des personnes âgées sont touchées par la maladie asthmatique. Il existe peu d’études sur les comorbidités de ces sujets alors qu’il s’agit de caractéristiques majeures pour la prise en charge de l’asthme. Une étude, parue dans l’Euopean Respiratory Journal s’est intéressée au lien entre multimorbidité et pronostic de l’asthme, chez des asthmatiques de plus de 70 ans, en les classant en profils de polymédications. C’est une étude pharmacologique et épidémiologique prospective portant sur une cohorte de femmes de plus de 70 ans, chez qui l’impact des profils de polymédication sur l’asthme a été étudié. Au total, 4328 dossiers ont été revus avec leurs données médicamenteuses et chaque sujet était apparié à 2 témoins.
Trois profils de poly-médication chez les asthmatiques âgés
La première observation a été que les patients asthmatiques prennent plus de traitements que les autres. Valérie Siroux, chargée de recherche en pathologies respiratoires à l’INSERM, Grenoble, explique qu’après avoir observé l’ensemble des multimorbidités qui peuvent coexister avec l’asthme, 3 profils ont été identifiés, ce qui pourrait correspondre à 3 sous phénotypes d’asthme. Le premier profil comprend les patients asthmatiques prenant peu de traitements associés. Le deuxième correspond aux patients asthmatiques avec un traitement à composante anti-allergique et le troisième aux patients asthmatiques prenant des médicaments pour un syndrome métabolique, qui comprend également les traitements associés au stress et à la dépression.
Le pronostic de l’asthme impacté par les comorbidités
Pour Sébastien Chanoine, premier auteur de l’étude, pharmacien hospitalo-universitaire à Grenoble, le pronostic de l’asthme dans les phénotypes allergiques ou à « syndrome métabolique » est plus à risque d’exacerbation ou de mauvais contrôle. L’impact de ces pathologies associées sur le contrôle de l’asthme est non négligeable : pour bien contrôler une pathologie, il faut bien contrôler les autres. Il apparait également que les profils « allergiques » et « métaboliques » ont le même niveau de risque alors que l’impression clinique laissait plutôt penser que l’asthme allergique n’allait pas beaucoup participer au manque de contrôle.
En conclusion, chez les patients asthmatiques âgés, il existe beaucoup de comorbidités que l’on peut classer en profils. Le risque d’exacerbation, d’asthme mal contrôlé ou de baisse de la qualité de vie est plus important chez les sujets « allergiques » ou « métaboliques ». Cependant les recommandations cliniques sont très standardisées dans l’asthme ; il faudrait donc plutôt s’orienter vers une prise en charge plus globale et personnalisée avec une participation plus importante de la multimorbidité pour améliorer le pronostic de la maladie asthmatique. De plus la prise en charge de l’asthme reposant sur des essais cliniques dont la population âgée est exclue, les interactions médicamenteuses sont encore à évaluer.









