Neurologie

Maladie mentale : le LSD « harmonise » le fonctionnement du cerveau

Des chercheurs de l’université espagnole de Pompeu Fabra ont découvert que le LSD pouvait « harmoniser » le fonctionnement du cerveau et aider les malades à se remettre d’une pathologie mentale.

 

  • Sergey7777
  • 02 Mars 2018
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    Le Diéthylamide d’acide Lysergique ou LSD, futur traitement des maladies mentales ? Des chercheurs de l’université espagnole de Pompeu Fabra rapportent dans Scientific reports que le LSD pourrait « harmoniser » le fonctionnement du cerveau et aider à guérir d’une maladie mentale.

    Une nouvelle méthode d'analyse du connectome

    En analysant les données de neuro-imagerie fonctionnelle de 12 participants sous LSD ou sous placebo à l’aide d’une nouvelle méthode de décodage, la combinaison d’ondes harmoniques cérébrales, les chercheurs ont mis en évidence une activité neuronale particulière.

    Ils ont remarqué que sous LSD, les zones cérébrales deviennent connectées à d’autres avec lesquelles elles ne « travaillent » habituellement pas : le LSD augmente la puissance et l’énergie des états cérébraux, étend le répertoire des états actifs du cerveau tout en augmentant l’activité à haute fréquence.

    Les résultats des chercheurs démontrent que pour la gamme des basses fréquences, où l’énergie des états du cerveau diminue sous l’influence du LSD, il y a également une diminution de la « communication » (co-activation) de ces états cérébraux.

    En revanche, une communication accrue avec une énergie et une puissance accrues, est observée parmi une grande partie du spectre sous l’influence du LSD. Cela suggère que le LSD provoque une réorganisation plutôt qu’un fonctionnement de la dynamique cérébrale.

    L'état de criticité atteint sous LSD

    Ce type d’expansion se produit naturellement dans les systèmes dynamiques lorsqu’ils s’approchent de la criticité, à savoir la limite de l’équilibre entre l’ordre et le chaos. Les chercheurs pensent qu’une telle expansion des états cérébraux sous-tend une capacité accrue de codage de l’information et une efficacité accrue de son traitement. Or, la présence d’une région critique étendue découle précisément de l’organisation hiérarchique des réseaux corticaux. L’état LSD est décrit comme une état « tonique » présentant des signatures de criticité plus prononcées que l’état d’éveil normal.

    Selon les chercheurs, les substances psychédéliques comme le LSD encouragent le cerveau à développer des modèles d’activité qui pourraient aider à rétablir un fonctionnement normal des connexions désordonnées provoquées par une maladie mentale. Ils ont observé que ce processus s’amenuisait à mesure que les effets du LSD s’estompaient, alors qu’un certain degré de réorganisation demeurait. Selon eux, en incitant le cerveau à explorer de nouvelles voies, il est possible qu’il soit en mesure de construire de nouveaux réseaux qui aident à surmonter les traumatismes.

    Par ailleurs, des études antérieures ont montré que les écarts par rapport à la criticité peuvent être symptomatiques voire causer certaines troubles psychiatriques. Par exemple, la dynamique cérébrale lors d’états dépressifs, de dépendance ou dans le cas d’un trouble obsessionnel compulsif, a été associée à un régime sous-critique alors qu’un régime supercritique a été quant à lui associé à la dynamique cérébrale d’une crise d’épilepsie.

    Le LSD régule la dynamique cérébrale

    Le LSD aurait l’effet potentiel de réguler la dynamique cérébrale en rétablissant l’équilibre critique entre les états ordonnés et désordonnés. Les réseaux fonctionnels, dont l’activité et le couplage dynamique sont liés à la pensée créative, montrent une connectivité fonctionnelle anormale lors de troubles psychiatriques comme la schizophrénie.

    La nouvelle méthode d'exploration des chercheurs sur le « connectome harmonique » (plan complet des connexions neuronales d’un cerveau) pourrait permettre d’explorer les signatures neuronales d’autres traits et états psychologiques, incluant la personnalité, la créativité, les troubles psychiatriques et neurologiques, le sommeil, l’anesthésie et les troubles de la conscience, ainsi que d’autres états altérés de conscience.

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