Cardiologie

FA silencieuse : des épisodes fréquents si l’analyse est prolongée

Sur le long terme, l’incidence de la fibrillation atriale silencieuse est plus fréquente qu’imaginée auparavant, avec un risque élevé d'accident vasculaire cérébral chez de nombreux patients.

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  • 18 Mai 2017
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    Selon une nouvelle étude présentée en late-breaking abstract au congrès Heart Rythm de Chicago, la fibrillation atriale (FA) silencieuse d'une durée d’au moins 6 minutes surviendrait chez environ 30% des patients sur une période de 18 mois et 40% des patients sur une période de 30 mois.
    Ce sont les résultats de l'étude REVEAL-AF qui a utilisé un nouveau un moniteur implantable.

    Bien que le protocole ne prévoyait aucune intervention spécifique de la part des médecins, 56,3% des patients atteints d’un épisode de FA silencieuse d’au moins 6 minutes ont reçu une anticoagulation par voie orale et 14,8% se sont vu prescrire un médicament de contrôle du rythme au cours du suivi.

    Une étude prolongée

    L'étude prospective, multicentrique, a été menée dans 57 centres aux États-Unis et en Europe, sur 385 patients (âge moyen 71,5 ans). Les patients devaient avoir un score CHADS2 ≥ 3 ou un score CHADS2 = 2 et au moins un des facteurs de risque suivants : insuffisance coronarienne, insuffisance rénale (GFR 30-60 mL / min), apnée du sommeil ou maladie pulmonaire obstructive chronique.

    Les patients ont reçu un dispositif implantable de surveillance du rythme (Reveal LINQ, Medtronic) qui objectivait une FA silencieuse si celle-ci avait une durée d’au moins 6 minutes. Les visites de suivi ont eu lieu tous les 6 mois pour un suivi médian de 22,5 mois.

    Fréquence des FA silencieuses sur le long terme

    Le taux de détection des FA silencieuses est de 6,2% à 30 jours et il augmente tout au long de la période de surveillance (30% à 18 mois et 40% à 30 mois) dont au moins un malade sur est considéré comme à risque d'AVC par les médecins qui prennent par ailleurs en charge le malade.
    L'incidence de la FA silencieuse est similaire chez les patients quel que soit le score CHADS2 : de 2 (24,7%), 3 (32,7%) et plus de 4 (31,7%, p = 0,23).
    Le temps médian entre la mise en place du dispositif et la détection du premier épisode de FA est de 123 jours (intervalle interquartile 41-330).

    En pratique

    La fibrillation atriale est un facteur de risque important d’accident vasculaire cérébral, mais un nombre significatif d'AVC se produit chez des patients n'ayant aucune fibrillation atriale reconnue.

    Le mécanisme de la formation de caillots dans l'oreillette n'exige pas que le patient se plaigne de symptômes à type de palpitations ou d’étourdissements. Les caillots peuvent se produire dans une oreillette malade en association à une fibrillation atriale silencieuse.

    Nombre d’études rétrospectives démontrent que la FA silencieuse est aussi importante en termes de risque que la FA diagnostiquée.

    Le taux de détection élevé observé dans cette étude est rendu possible par la surveillance prolongée et aurait été indétectable chez plus de trois quarts des patients si le monitoring avait été limité à 30 jours.

    Les résultats de REVEAL-AF sont similaires à ceux rapportés dans d’autres études (PREDATE-AF et ASSERT 2). Par ailleurs, des essais cliniques prospectifs sur l’intérêt des anticoagulants prophylactiques chez des patients atteints de FA silencieuse détectée par un dispositif sont également en cours. Réponse dans 2 ou 3 ans.

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