Pneumologie
Asthme et grossesse : vigilance sur les facteurs de risque modifiables d’exacerbation !
L’asthme peut avoir un impact significatif sur la santé des femmes enceintes ainsi que sur la période périnatale. Les exacerbations pendant la grossesse sont particulièrement préoccupantes, car elles augmentent le risque de complications tant pour la mère que pour l’enfant. Comprendre les facteurs de risque associés à ces exacerbations, surtout lorsqu’ils sont modifiables, est essentiel pour orienter les pratiques cliniques et améliorer la prise en charge de ces patientes.

Une étude, dont les résultats sont parus en aôut2025 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à décrire les schémas d’exacerbation de l’asthme pendant la grossesse et d’identifier les facteurs de risque, en mettant l’accent sur les éléments modifiables comme l’utilisation de corticostéroïdes inhalés. Il s‘agit d’une étude britannique pour laquelle les auteurs ont utilisé une volumineuse cohorte à partir de données collectées entre 2004 et 2020, en se basant sur des critères bien définis d’exacerbation et en analysant les profils cliniques des patientes concernées. Au total, 40 196 femmes enceintes asthmatiques ont été incluses.
De l’importance du suivi conjoint du pneumologue et du gynécologue
Les résultats de ce travail ont montré que le nombre total d’exacerbations a diminué d’environ 30 % au cours de la grossesse. Toutefois, une augmentation significative des exacerbations entraînant des hospitalisations a été observée aux deuxième et troisième trimestres, suggérant une sévérité accrue des épisodes durant cette période. Cette tendance s'est inversée rapidement après l'accouchement. Par ailleurs, 31 % des femmes ont réduit leur utilisation de corticoïdes inhalés pendant la grossesse ce qui reste un comportement préoccupant, surtout chez celles dont l’asthme était déjà mal contrôlé avant la conception.
Ne pas perdre de vue les facteurs de risque modifiables
L’analyse multivariée a révélé plusieurs facteurs de risque importants d’exacerbation. Le plus déterminant était l’existence d’antécédents d’exacerbations. Venaient ensuite la diminution de l’utilisation des corticoïdes inhalés pendant la grossesse, ou une utilisation intensive de ceux-ci associée à un autre traitement préventif avant la grossesse, ce qui pourrait refléter une forme d’asthme plus sévère. Parmi les autres facteurs de risque figuraient l’éosinophilie sanguine, le tabagisme, l’obésité, l’âge et l’origine ethnique. Les éléments modifiables étaient le tabagisme et la consommation de corticoïdes inhalés, ce qui peut représenter deux cibles de prévention. La réduction volontaire de l’utilisation des corticostéroïdes inhalés, observée chez près d’un tiers des femmes, apparaît comme un facteur de risque majeur, mais contrôlable.
En conclusion, bien que le nombre total d’exacerbations d’asthme diminue pendant la grossesse, celles nécessitant une hospitalisation augmentent de façon marquée à partir du second trimestre. Cela souligne l’importance du suivi régulier du traitement de l’asthme chez la femme enceinte et d’une éducation thérapeutique appropriée pour éviter les complications maternelles et fœtales associées, en agissant sur les facteurs de risque modifiables.