Pneumologie

La perturbation des mesures spirométriques est associée aux évènements cardiovasculaires.

 Le dysfonctionnement des petites voies respiratoires défini par une diminution du débit maximal expiratoire moyen serait associé à une atteinte cardiovasculaire avec un risque de mortalité plus élevé mais ces résultats ne vont pas provoquer de grands changements. D’après un entretien avec Laurent PLANTIER.

  • 18 Septembre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans l’ERJ Open Research, a cherché à analyser l’association entre l’atteinte des petites voies respiratoires et les affections cardiaques. Il s’agit de l’étude PneumoLaus, réalisée en Suisse, dans laquelle la population incluse est issue de la cohorte de la population urbaine générale suisse. Au total, 3342 sujets ont réalisé une spirométrie et 473 ont eu un événement cardiaque. Le diagnostic de dysfonctionnement des petites voies respiratoires a été basé sur un débit maximal expiratoire moyen (MMEF) inférieur à 65 % de la valeur prédite, ou bien un MMEF inférieur à la limite inférieure de la normale. Les événements cardiaques autodéclarés ont été définis comme l'apparition d'une nouvelle pathologie cardiaque depuis l'évaluation initiale, réalisée environ 10 ans avant la spirométrie. Les critères d’ajustement étaient  l'âge, le sexe, la durée du tabagisme, le statut tabagique et l'indice de masse corporelle. Un second volet a également pris en compte  les pro-BNP.

     

    Les résultats n’apportent pas de scoop

    Le professeur Laurent PLANTIER, pneumologue dans le service pneumologie du CHRU de Tours, rappelle que la notion de perturbation des mesures spirométriques associée aux événements cardiovasculaires est déjà connue et que tous les paramètres spirométriques peuvent être associés à ce risque. Pour lui, il n’y a pas de scoop. L’hypothèse des auteurs de ce travail est que le débit maximal expiratoire moyen(MMEF), qui est un marqueur de la dysfonction des petites voies aériennes, serait associé à une affection cardiaque. Laurent PLANTIER explique, qu’en réalité, ce marqueur de dysfonction des petites voies aériennes est très dépendant des volumes pulmonaires  et que l’on ne peut pas se baser uniquement sur ce marqueur pour conclure. Les résultats de cette étude n’apportent donc pas de grands changements.

     

    Une discussion intéressante sur les mécanismes de l’association

    Laurent PLANTIER souligne qu’il s’agit d’ une étude épidémiologique de grande ampleur et qu’elle présente un intérêt en lien avec la discussion sur les mécanismes de l’association entre l’atteinte des petites voies aériennes et les évènements cardiovasculaires. En effet, ces deux atteintes ont des facteurs de risque en commun, une symptomatologie inflammatoire commune et l’un peut être la cause de l’autre. Laurent PLANTIER précise que la diminution du MMEF pourrait être un signe à minima d’insuffisance cardiaque. Les éléments qui sont en faveur d’une relation de causalité cardiovasculaire sur la diminution du MMEF est l’augmentation des pro-BNP chez les patients ayant un MMEF bas. Il souligne que dans cette étude 5% des patients avaient un MMEF bas, sans altération de la fonction respiratoire, et que ces valeurs basses à la spirométrie étaient associées à un surrisque cardiovasculaire. Il ajoute que quoiqu’il en soit sila fonction respiratoire est moins bonne, le pronostic est moins bon sur tous les paramètres.

     

    En conclusion, ce travail est une réplique de l’étude Framingham, qui avait monté qu’une spirométrie moins bonne est associée à des maladies cardiovasculaires de moins bon pronostic. Toutefois l’intérêt de la spirométrie pour prédire le risque cardiovasculaire est très limité…

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