Traiter le syndrome d'apnées obstructives du sommeil avec des médicaments, rêve ou réalité?

La prise en charge de l’apnée du sommeil par traitement médicamenteux est un objectif qui a suscité de multiples travaux mais le traitement miracle n’existe pas encore. On ne  se contente que de l’atténuation de certains symptômes sans arriver à un vrai traitement étiologique. D’après un entretien avec Wojciech TRZEPIZUR.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans Thorax, a cherché à démontrer l’efficacité de l’association viloxazine/trazodone comme traitement médicamenteux de l’apnée du sommeil. Il s’agit d’une étude croisée en double aveugle et contrôlée par placebo. 24 patients souffrant d'apnée obstructive du sommeil, âgés de 18 à 75 ans, ont été inclus. Ils ont été randomisés pour recevoir soit 500 mg de viloxazine, soit 500/75 mg de viloxazine/trazodone, soit un placebo, administrés avant le coucher pendant 2 semaines, avec une période de sevrage de 1 semaine entre chaque traitement. À la fin de chaque phase, une polysomnographie a été réalisée. Des analyses ont comparé l'effet du viloxazine/trazodone par rapport au placebo sur l'indice d'apnée-hypopnée avec des désaturations de 4 % (critère principal) et sur la charge hypoxique (critère secondaire). D'autres critères ont évalué les effets de l’association viloxazine/trazodone par rapport à la viloxazine seule sur le temps de sommeil total et le réveil après le coucher. Enfin, le profil de tolérance a été évalué à travers les résultats rapportés par les patients, la fréquence cardiaque et les événements indésirables.

Pas de nouveauté dans la recherche du Graal

 Le professeur Wojciech TRZEPIZUR, pneumologue dans le département de pneumologie et de médecine du sommeil, au Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, explique que cette étude n’apporte pas de grande nouveauté dans la recherche du Graal, qu’est le traitement médicamenteux de l’apnée du sommeil. Il rappelle que plusieurs essais thérapeutiques ont été réalisés mais que les résultats sont souvent négatifs. En 2019, un premier travail avait déjà cherché à évaluer l’association de plusieurs médicaments puisqu’il faut plusieurs molécules différentes pour agir sur chaque stade du sommeil. L’association atomoxétine/oxybutynine a montré une action sur la baisse de l’index apnée/ hypopnée. Dans une nouvelle étude, il n’y pas eu de nouvelle molécule, donc le profil de sécurité était déjà connu, mais la durée de traitement  a été prolongée. Une certaine efficacité sur l’index apnée/hypopnée a été observée au prix d’effets secondaires non graves mais notables comme l’insomnie, la sécheresse buccale. Wojciech TRZEPIZUR relève l’absence d’efficacité symptomatique , ce qui limite l’intérêt de ce travail.

Une étude négative et un chemin encore long

Wojciech TRZEPIZUR précise que les auteurs de ce travail ont testé deux autres molécules, qui auraient moins d’effets secondaires. La viloxazine augmente la contractilité musculaire et la trazodone aurait un effet sédatif. Cette association est proche de l’association atomoxétine/oxybutynine mais serait plus facilement gérable en raison d’effets indésirables moins importants. Cette association s’est montrée efficace sur la baisse de l’index apnée/ hypopnée et donc sur l’hypoxémie nocturne. En revanche, il existe une détérioration significative du temps de sommeil car le temps de veille intra-sommeil est allongé de 30 minutes. La qualité de vie est également dégradée avec de la constipation , une sécheresse buccale et des insomnies. Wojciech TRZEPIZUR conclue que cette étude est négative et que le chemin est encore long, avant de pouvoir remplacer le traitement mécanique de l’apnée du sommeil. Il relève toutefois ce qui est positif est qu’il existe un traitement symptomatique de la somnolence, surtout en cas d’intolérance de la PPC. C’est seul symptôme qui peut être traité par voie médicamenteuse.

En conclusion, même en traitant les symptômes par voie médicamenteuse, les apnées du sommeil persistent et, à ce jour, aucun traitement médicamenteux ne vient remplacer les traitements mécaniques. La route est encore longue et semée d’effets secondaires….