Rhumatologie
Maladies auto-immunes : association entre azathioprine et hémopathies myéloïdes
Dans un registre de maladies auto-immunes de la Mayo Clinic, une association est mise en évidence entre la prise d’azathioprine et le risque de syndrome myélodysplasique ou de leucémie myéloïde aiguë.
- NewsNetworkMayoClinic
Les chercheurs de Mayo Clinic ont observé que l'azathioprine, un médicament couramment utilisé pour traiter différentes maladies auto-immunes, est associé à une augmentation du risque de néoplasies myéloïdes. Les néoplasies myéloïdes recouvrent les dysplasies de la moelle osseuse potentiellement mortelles, comme les syndromes myélodysplasiques et la leucémie myéloïde aiguë. Les résultats sont publiés dans JAMA Oncology.
Alors que les résultats de l'étude interpellent, ils ne doivent pas amener les médecins à changer leur comportement clinique, la surveillance et les traitements standard actuels à ce stade chez les patients atteints d'une maladie auto-immune.
Une étude sur plus de 40 000 patients
Les chercheurs ont analysé 40 011 cas de patients souffrant de 27 maladies auto-immunes différentes, comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, qui ont été vus sur plus d'une décennie à la Mayo Clinic.
Ils ont identifié 86 patients atteints de néoplasie myéloïde en rapport avec un traitement. Des données détaillées sur les médicaments, la durée d'exposition et les caractéristiques de la maladie de chaque patient ont été recueillies et comparées à celles de patients auto-immuns sans syndromes myélodysplasiques ou leucémie myéloïde aiguë.
Les résultats montrent que seul le traitement par azathioprine est associé à un risque significativement accru de néoplasie myéloïde lié à un traitement. D'autres médicaments utilisés dans ce registre montrent une tendance similaire mais qui n'est pas significative.
Une analyse rétrospective
Malgré la grande taille de l'échantillon analysé, les chercheurs notent les limites de cette étude qui est une analyse rétrospective. De nombreuses maladies auto-immunes différentes ont été analysées, ce qui peut biaiser les résultats.
Seuls les syndromes myélodysplasiques et la leucémie myéloïde aiguë ont été évalués et aucune association causale définitive n'a été établie entre la prise d'un médicament particulier et les syndromes myélodysplasiques ou la leucémie myéloïde aiguë.
En outre, le nombre de patients atteints d'une maladie auto-immune qui développe un syndrome myélodysplasique ou une leucémie myéloïde aiguë est limité, et aucune prédiction au niveau individuel ne peut donc être conclue à partir de l'étude.
En pratique
Cette étude ajoute à nos connaissances actuelles sur les néoplasies myéloïdes en rapport avec un traitement immunomodulateur. Des associations similaires ont déjà été documentées dans des publications de cas cliniques isolés ou des séries de cas, mais elles n'avaient jamais été évaluées sur un large éventail de maladies auto-immunes, chez de nombreux malades et dans le contexte d'une analyse des traitements individuels en lien avec une néoplasie myéloïde.
L’étude suggère que le choix d'un médicament doit être individualisé et que la surveillance pendant le traitement doit être ajustée.
Les futures études d'analyse de profil génomique pourront sans doute aider à identifier les patients les plus à risque de néoplasies myéloïdes lorsqu'ils sont traités par l'azathioprine ou par d'autres médicaments.








