Pneumologie

Asthme : des super-réponses avec les biothérapies.

 

Les biothérapies apportent un bénéfice clinique chez 80% des asthmatiques sévères, chez qui l’on peut presque parler de rémission. Toutefois des questions sont encore posées sur la durée de ces super-réponses et les modèles de prise en charge qui devraient en découler. D’après un entretien avec Camille TAILLE.

  • 28 Déc 2023
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    Une étude danoise, dont les résultats sont parus en novembre 2023 dans Chest, a cherché à évaluer le taux de rémission de l’asthme sévère après un traitement par biothérapies. Pour cela, les auteurs ont utilisé le registre danois des données sur les asthmatiques sévères et ont pu inclure plus de 500 patients asthmatiques sévères bio-naïfs. Ils ont ensuite évalué le pourcentage de réponse clinique, correspondant à une diminution de 50% des exacerbations ou de 50% de la corticothérapie chez les patients traités par corticoïdes. Ils ont également évalué le pourcentage de patients en rémission, c’est-à-dire les patients n’ayant eu aucune exacerbation, aucune prise de corticoïdes, ayant un score de contrôle normal et une fonction respiratoire supérieure à 80%. Ces patients ont été observés sur une durée d’un an.

     

    Des patients super-répondeurs …

    Le professeur Camille TAILLE, pneumologue à l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, explique que ce travail, bien qu’il soit descriptif, à l’intérêt d’évaluer la réponse en vraie vie des asthmatiques sévères aux biothérapies. Les patients sont estimés être super-répondeurs lorsque la réponse existe sur l’ensemble des paramètres. Les résultats de cette étude ont montré que 80% étaient répondeurs et que parmi eux, 24 % sont en rémission, ce qui correspond à 19% des sujets de la cohorte. Ainsi, 20% seulement se sont montrés non répondeurs. Camille TAILLE  souligne que les résultats sont concordants avec ceux observés sur d’autres cohortes. Elle précise d’autre part, que ces résultats dépendent des molécules utilisées. En effet, les résultats sont meilleurs avec le dupilumab qu’avec les anti-IL5 (30% de super-répondeurs versus 19%).  De plus, il apparait que ces résultats sont optimisés lorsque la maladie évolue depuis peu de temps, ce qui souligne l’intérêt de traiter précocement, sans attendre que le remodelage soit installé.

     

    Mais encore des interrogations avant de parler de rémission

    Camille TAILLE précise qu’il existe en effet une forme de « rémission » mais pas pour tous les patients et que, de ce fait, il ne faut pas forcément modifier le traitement des patients. Pour elle, le terme de « rémission »n’est pas totalement adapté et elle préfère l’idée de super-réponse, qui sous-entend un contrôle parfait de la maladie. Elle souligne également que ces résultats sont observés sur une durée d’un an mais qu’à l’heure actuelle, les informations sur la pérennité de cette super-réponse n’existent pas. Faut-il poursuivre le traitement de la même manière ? Est-il possible de l’alléger ? Toutes ces questions nécessitent encore des travaux sur le long terme avant de pouvoir élaborer un schéma thérapeutique et des recommandations.

     

    En conclusion, ce travail est très descriptif mais il reflète, sur une volumineuse cohorte, ce qu’il se passe en vraie vie. Les biothérapies permettent d’être très optimistes dans l’évolution de l’asthme sévère en apportant des super-réponses, voire des rémissions, mais la pérennité de leur efficacité reste à prouver par d’autres études.

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    JDF