Gastroentérologie
Diverticulite : une forte consommation de viande rouge augmente le risque
Un apport alimentaire élevé de viande rouge serait lié à un risque accru de développer une diverticulite, même après ajustement sur différents facteurs confondants.
- Kesu01/epictura
Comparativement aux niveaux les plus bas de consommation, le plus haut niveau de consommation de viande rouge est associé à un risque accru de 58% de développer une diverticulite, chaque portion quotidienne étant elle-même associée à un risque accru de 18%. C’est ce qui ressort d’une étude de suivi pendant 26 ans d’une très large cohorte de médecins et publiée online dans le journal Gut.
Une incidence croissante
La diverticulite est une maladie très fréquente et son incidence est en augmentation, en particulier chez les jeunes. De plus, environ 4% des personnes atteintes développeront des complications graves à long terme, telles que des perforations de la paroi intestinale, des abcès et des fistules.
Pourtant, en dépit de sa prévalence et de son impact, on ne sait pas grand-chose sur les causes de la diverticulite : elle semble liée au tabagisme, à la consommation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), à l'inactivité physique et à l'obésité.
Un apport insuffisant en fibres alimentaires est également considéré comme ayant un rôle, mais peu d'autres facteurs alimentaires ont été explorés en détail.
Une très large cohorte de suivi
Afin de mieux comprendre les facteurs à l’origine de la diverticulite, des chercheurs ont évalué l'impact potentiel de la consommation totale de viande rouge (non transformée), de volaille et de poisson sur le risque de développer une diverticulite.
L’étude de suivi de cohorte a été réalisée sur près de 46 500 hommes, participant à une cohorte de suivi des professionnels de la santé. Les hommes étaient tous âgés de 40 à 75 ans lorsqu'ils ont rejoint l'étude entre 1986 et 2012.
Tous les quatre ans, on leur a demandé d’évaluer leur consommation de viande rouge, y compris la viande transformée, de volaille et de poisson, par rapport à l'année précédente. L’évaluation était basée sur une échelle numérique à 9 choix, allant de « jamais » ou « moins d'une fois par mois » à « six fois ou plus d'une fois par jour ».
Une augmentation du risque
Au cours d’un suivi de 46 500 hommes pendant 26 ans, 764 hommes ont développé une diverticulite. Ceux qui mangeaient les quantités plus importantes de viande rouge avaient tendance à utiliser plus souvent des anti-inflammatoires et des antalgiques. Ils ont plus fumé et ils avaient moins tendance à avoir une activité physique. Leur consommation de fibres était également plus faible. Ceux qui mangeaient plus de volaille et de poisson étaient plus susceptibles d'avoir une activité physique, de prendre de l'aspirine et de fumer moins.
Mais après ajustement sur ces facteurs potentiellement confondants, une consommation élevée de viande rouge reste associée à un risque majoré de diverticulite. Par rapport aux niveaux les plus bas de consommation, le plus haut niveau de consommation de viande rouge est associé à une augmentation de 58% du risque de développer une diverticulite, chaque portion quotidienne étant elle-même associée à un risque accru de 18% (le maximum du risque est atteint avec six portions par semaine).
L'association est la plus forte pour les viandes rouges, c’est-à-dire non transformées, et la substitution d'une portion quotidienne de celle-ci par du poisson ou de la volaille est associée à une réduction de 20% risque. Ces résultats ne semblent pas influencés par le surpoids ou l'âge.
Une explication délicate
La raison pour laquelle le niveau de consommation de viande rouge peut affecter le risque de diverticulite n'est pas claire, et de nouvelles recherches sont nécessaires.
Mais une consommation plus élevée de viande rouge est associée à la présence de protéines inflammatoires dans l’organisme, telles que la protéine C-réactive et la ferritine, ainsi qu’à la présence de maladies cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux ou de diabète.
Il est aussi possible que le type et la diversité des bactéries colonisant l'intestin, appelé « microbiote intestinal », puissent également avoir un rôle sur ce risque, la consommation de viande rouge altérant nettement la proportion des différentes bactéries, ce qui pourrait affecter potentiellement la réponse immunitaire et l'intégrité de la muqueuse intestinale.
D'autre part, les températures de cuisson, généralement plus élevées pour la cuisson de la viande rouge, qui sont plus fortement associée à la diverticulite, pourraient aussi influencer la composition bactérienne ou l'activité inflammatoire.
En pratique
Il s'agit d'une étude observationnelle, de sorte qu'aucune relation de cause à effet ne peut être strictement établie, les résultats pouvant avoir été biaisés par un recueil incomplet des données. En outre, comme la recherche a été réalisée uniquement chez les hommes, les résultats ne sont pas forcément applicables aux femmes.
Néanmoins, ces données peuvent étayer des conseils diététiques pratiques pour les personnes à risque de diverticulite. Le fait de remplacer une portion quotidienne de viande rouge par une portion de volaille ou de poisson pourrait réduire le risque de diverticulite.








