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Mélanomes stades I et II : une sous-estimation du taux de survie spécifique ?

Dans la population occidentale, l'incidence du mélanome augmente régulièrement depuis des décennies et 90 % sont dus à l’exposition UV.  Au cours des dernières années, la proportion de mélanomes fins (breslow inférieur à 1 mm) n’a cessé de croitre lors du diagnostic initial, si bien que davantage de patients meurent aujourd'hui de tumeurs T1 que de tumeurs T4 en chiffres absolus.

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  • 23 Oct 2023
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    Dans cette étude parue dans le JCO, les auteurs proposent d’évaluer deux ensembles de données indépendants afin de mieux documenter les probabilités de survie pour les patients atteints de mélanome primaire de stade I et II et de discuter l’intérêt potentiel d’un traitement adjuvant.

    Une comparaison avec AJCCv8

    Deux cohortes, un registre allemand sur le mélanome (17 544 patients présentant un mélanome de stade I-II entre 2000 et 2015) et une cohorte exploratoire de 10 819 patients issus de 11 centres allemands recrutés entre 2000 et 2015, ont été comparées sur les données de survie avec AJCCv8. Les résultats d'intérêt étaient la SSM, la SG et la SSR.

    La survie a été définie comme le temps écoulé entre la date du diagnostic du mélanome primaire et la date de la première récidive (RFS), la date du décès due au mélanome (MSS) ou la date du décès, quelle qu'en soit la cause (OS) ; le suivi des patients encore en vie a été censuré à la dernière date à laquelle ils étaient connus comme étant en vie.
     

    Des survies moins favorables que selon AJCC8 ?

    Avec un âge médian de 57 ans pour la cohorte contre 59 ans, des breslow de 0,75 mm contre 0,7 mm, 11,7 % et 9,3 % d’ulcérations et 20 % contre 16,5 % de patients avec un mélanome stade II, les cohortes étaient comparables.

    Les taux de survie spécifiques au mélanome à 10 ans sont respectivement pour la cohorte allemande vs. AJCC8 de 95,1 %-95,6 % contre 98 % ; 89,7 %-90,9 % contre 94 % au stade IB ; 80,7 %-83,1 % contre 88 % au stade IIA ; 72,0 %-79,9 % contre 82 % au stade IIB ; et 57,6 %-64,7 % contre 75 % au stade IIC.

    Les taux de récidive sont environ deux fois plus élevés que les taux de mortalité spécifiques au mélanome dans les stades IA-IIA. Au sein de la cohorte, 10,5 % des patients sont décédés contre 6,3 %, dont 66,4 % contre 44,3 % à cause du mélanome. Des récidives sont survenues 13,8 % des patients contre 8,6 % des patients, suggérant que les données réelles sont moins favorables que celles publiées par l’AJCC8.

    Quelles implications dans la pratique quotidienne ?

    Une divergence encore plus importante chez les patients atteints d'un mélanome de stade II : la probabilité de mourir d'un mélanome dans les 10 ans est de 2 % dans la cohorte contre 4 %-5 % au stade IA, 6 % contre 9 %-10 % au stade IB, et 12 % contre 19 % au stade IIA. Ce résultat est particulièrement pertinent pour les discussions et la prise de décision avec les patients aux stades IA, IB et IIA en ce qui concerne l'imagerie de surveillance et la prise en compte de futures interventions d'essais adjuvants.

    A l’heure où l’actualité est marquée par l’utilisation de l’immunothérapie dans les stades IIB-IIC, des essais cliniques sur le traitement adjuvant chez les patients atteints d'un mélanome de stade IB/IIA devraient être entrepris au regard du risque important de récidive.

     

     

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    JDF