Médecine générale

Un pop-up pour améliorer le dépistage du VIH en médecine générale

Le médecin généraliste a un rôle clé dans le dépistage du VIH. Mais en pratique, il n'est pas toujours aisé de penser à prescrire la sérologie chez tous les patients à risque ciblés par les recommandations HAS. Et si l'affichage d'un rappel automatique était une solution efficace ?

  • Tetiana Mykhailenko/istock
  • 13 Avr 2023
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    D'ici 2030, 95% des personnes vivant avec le VIH devraient être dépistées. C'est l'objectif fixé par ONUSIDA, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA. En France, la stratégie de dépistage du VIH recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) est basée sur une approche par populations les plus exposées et donne au médecin généraliste un rôle central dans l'identification de ces populations cibles.

    Faciliter le dépistage par les médecins généralistes est donc un levier majeur améliorer le dépistage en France, où l'on sait qu'encore 16% des patients VIH + n'aurait pas connaissance de leur statut. Et si une des solutions pour cela résidait dans un pop-up ? Un pilote mené par une équipe de recherche française et publié dans le dernier BEH a évalué l'impact d'un rappel automatique de dépistage ciblé, dans les logiciels de médecine générale.

    Une augmentation significative des prescriptions de sérologies VIH au cabinet

    Le pop-up, qui s'affichait au démarrage de la consultation, se présentait sous forme d'une fenêtre rappelant les fréquences de dépistage ciblés préconisés par la HAS. Son apparition était programmée selon la présence dans l'historique du dossier patient d'un des éléments suivants : antécédent d'IST (infection sexuellement transmissible) et/ou d'hépatite C et/ou de tuberculose sur les 12 derniers mois, en l'absence d'une sérologie ou d'un diagnostic VIH renseignés.

    La recherche menée sur un panel de 2000 médecins généralistes a montré « une augmentation significative des prescriptions de sérologies VIH durant le pilote » concluent les auteurs. Pour la période pilote, le taux de prescription de sérologie parmi la population ciblée était de 4,8% contre 3,1% pour la période de référence. Une hausse de 1,7 points statistiquement significative, qui l'est d'autant plus que l'étude s'est déroulée en pleine pandémie (avril à novembre 2020) durant laquelle le dépistage en France a chuté en moyenne de 14%.

    Mais moins de sérologies réalisées ?

    Les analyses secondaires exploratoires sont toutefois moins positives. Bien que les résultats principaux montrent une hausse significative des prescriptions de sérologie, le taux de remboursement des sérologies VIH a lui été inférieur durant la période pilote par rapport à la période de référence. En somme, une plus faible proportion de patients se serait réellement faits dépister pendant la période de l'étude.

    La méthode utilisée pour la collecte des données et « la complexification des possibilités de réalisation des sérologies VIH en ville en période de Covid 19 » pourraient selon les auteurs expliquer ce taux apparemment plus faible de dépistage et ne devraient donc pas remettre en question l'efficacité du pop-up pour l'amélioration du dépistage. Les analyses secondaires révèlent aussi l'absence d''impact du pilote sur le taux de découverte de nouveaux diagnostics VIH.

    Des recommandations HAS difficiles à mettre objectivement en pratique

    « Ce pilote montre qu'un pop-up de rappel des recommandations représente un moyen supplémentaire pour faciliter la prescription de dépistage en médecine générale » concluent les auteurs, mais ils questionnent aussi « la faisabilité de la mise en pratique objective des recommandations HAS pour le dépistage ciblé du VIH par leur médecin généraliste ».

    En effet, un paramétrage au plus près des recommandations HAS nécessiterait l'intégration d'autres critères d'affichage du pop-up tels que le comportement sexuel ou l'origine ethnique mais la réglementation relative aux données de santé ne permet pas actuellement le recueil et le traitement de ces données dans ce but. Les solutions pour améliorer le dépistage du VIH en médecine générale semblent donc être plus complexes que la mise en place ou non d'un pop-up, qui reste toutefois une aide intéressante à développer.

     

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    JDF