Mouvements fantômes

Pourquoi certaines femmes sentent encore bouger leur bébé après l'accouchement ?

Après l’accouchement, certaines femmes continuent de ressentir des mouvements dans leur ventre, comme si leur bébé bougeait encore. Ces "mouvements fœtaux fantômes" sont aussi fréquents que méconnus.

  • Jacob Wackerhausen / istock
  • 10 Aoû 2025
  • A A

    Non, ce n'est pas une illusion. Près de quatre femmes sur dix disent ressentir, après l'accouchement, des mouvements qui ressemblent à ceux du bébé in utero, tels que des coups, des roulades ou des petits soubresauts. Baptisées "mouvements fœtaux fantômes" (phantom foetal movements, ou PFMs), ces étranges sensations post-partum sont fréquentes mais encore méconnues. Une vaste étude observationnelle, publiée dans BJOG : An International Journal of Obstetrics & Gynaecology, vient de les documenter en détail.

    Des sensations réelles, mais sans bébé

    Sur 4.038 femmes interrogées, 40,5 % ont déclaré avoir ressenti des PFMs, le plus souvent au cours des six mois suivant l’accouchement. Ces sensations peuvent apparaître quelques semaines après la naissance, parfois plus d'un an plus tard, et durer plus de deux ans. Certaines femmes les perçoivent encore quotidiennement, bien après leur dernière grossesse. Leur intensité varie, tout comme leur fréquence.

    "La survenue de ces mouvements fantômes était associée à un âge maternel jeune, au nombre de grossesses, à un accouchement par césarienne, à la présence de complications postnatales, ainsi qu’à une perception plus précoce et intense des mouvements fœtaux durant la grossesse", souligne le psychiatre Hugo Bottemanne, premier auteur de la recherche, dans un post LinkedIn.

    Comment expliquer ces mouvements sans la présence de fœtus ? Les scientifiques avancent plusieurs pistes. D'abord, une mémoire sensorielle très vive : "Le cerveau anticipe certains signaux internes à partir d'expériences passées", note l’étude. Cette théorie du "processus prédictif" (predictive processing) est régulièrement citée dans les phénomènes dits fantômes, comme le syndrome du membre fantôme chez les amputés. Mais d'autres facteurs physiques peuvent entrer en jeu : contractions utérines résiduelles, activité intestinale ou encore hypersensibilité corporelle.

    Un phénomène à ne pas banaliser

    Ces sensations, bien que très étranges pour les mères, ne sont pas toujours négatives. Certaines femmes les vivent avec joie ou nostalgie, y voyant un lien prolongé avec leur grossesse. Mais pour d'autres, notamment après une fausse couche, les PFMs peuvent raviver la douleur, le trouble ou la tristesse. Près de 20 % des femmes concernées les décrivent ainsi comme "inconfortables émotionnellement".

    Cette étude, l'une des premières de cette ampleur, suggère que la grossesse laisse une trace corporelle et neurologique durable. Reconnaître ces perceptions permettrait de mieux accompagner les femmes dans le post-partum, tant sur le plan sensoriel que psychologique.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF