Neurologie

Cerveau : et si rêvasser était une forme d’apprentissage ?

Flâner ou être dans la lune ne serait pas une perte de temps, car notre cerveau active des mécanismes d’apprentissage profonds qui le prépare à mieux réagir lorsqu’une nouvelle tâche se présente.

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  • 24 Jun 2025
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    Le fait de rêvasser par la fenêtre, de bayer aux corneilles, de déambuler sans but dans une ville peut sembler inutile pour la cognition ou la mémoire. Pourtant, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature et menée par des chercheurs américains du Janelia Research Campus (HHMI), notre cerveau en profite pour apprendre, même sans objectif précis.

    Le cerveau travaille même sans consigne claire

    En enregistrant l’activité de dizaines de milliers de neurones chez des souris placées dans des environnements virtuels, l’équipe de scientifiques a découvert que le cortex visuel encode des caractéristiques de l’environnement, même sans tâche à réaliser. "Même quand vous êtes dans la lune, ou que vous marchez sans but, votre cerveau travaille dur pour mémoriser les lieux, organiser ce que vous voyez, afin que, lorsque vous devrez vous concentrer, vous soyez prêt à donner le meilleur", expliquent les chercheurs dans un communiqué.

    Dans le détail, les experts ont conçu des couloirs virtuels avec différents motifs visuels, dont certains étaient associés à des récompenses. Ils ont constaté que les souris qui exploraient ces environnements sans entraînement préalable montraient ensuite un apprentissage plus rapide lorsque des tâches étaient introduites. "On ne s’attendait pas à observer une telle plasticité neuronale sans entraînement."

    Deux types d’apprentissage à l’œuvre

    Les scientifiques distinguent deux mécanismes neuronaux : l’apprentissage non supervisé, issu de l’exploration libre, et l’apprentissage supervisé, orienté par des objectifs. Or les zones du cortex visuel activées varient selon le type de situation. C’est cette double stratégie qui pourrait expliquer comment notre cerveau se prépare inconsciemment à réagir efficacement face à un objectif futur.

    Flâner sans but ne serait donc pas une perte de temps, mais bien un processus clé de notre cerveau pour se préparer à apprendre et mémoriser. Cette recherche ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre le rôle de l’exploration "sans but". "Si c’est ainsi que le cerveau apprend en priorité, nous devons aussi étudier cet aspect non contrôlé", concluent les auteurs.

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