Gynécologie
La pilule contraceptive est-elle cancérogène ?
Sur les réseaux sociaux, des internautes affirment que la pilule contraceptive serait aussi cancérogène que l’alcool ou le tabac.

- Par Diane Cacciarella
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Sur les réseaux sociaux, des internautes affirment que la pilule contraceptive serait cancérogène. Et pour cela, ils s'appuieraient sur des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)... Mais attention, cette information est à prendre avec des pincettes.
Pas le même niveau de risque entre les produits cancérogènes
En 2005, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui fait partie de l’OMS, a bien classé les pilules contraceptives qui combinent deux hormones, les œstrogènes et la progestérone, parmi les produits cancérogènes du groupe 1. Le même donc que celui de l’alcool, du tabac et de l’amiante.
Mais le risque n’est pas le même. "La classification indique le niveau de certitude qu’une substance peut provoquer le cancer”, précise le CIRC. Autrement dit, l’alcool, le tabac, l’amiante et la pilule contraceptive combinant deux hormones ont un effet cancérogène, mais pas aux mêmes niveaux. La consommation d'alcool ou de tabac est bien plus dangereuse.
Une faible augmentation du risque de cancer du sein
D’après une étude publiée en 2023 dans la revue Plos Medicine, le risque de cancer du sein augmente de 20 % et 30 %, quel que soit le type de contraception hormonale (estroprogestatif ou progestatif seul) utilisée. Pourtant, aucun d’entre eux n’apparaît dans les facteurs de risque de cette maladie, listés par le Panorama des cancers en France (Édition 2024).
Pourquoi ? "L’utilisation actuelle ou récente de tous les types de contraceptifs progestatifs seuls est associée à une légère augmentation du risque de cancer du sein, similaire à celle associée à l’utilisation de contraceptifs oraux combinés, indiquait Kirstin Pirie, l’un des auteurs, dans un communiqué. Étant donné que le risque de cancer du sein augmente avec l’âge, le risque absolu supplémentaire lié à l’utilisation de contraceptifs oraux est plus faible chez les femmes jeunes que chez les femmes plus âgées. Toutefois, ces risques doivent être mis en balance avec les bénéfices bien établis de l’usage des contraceptifs durant les années de fertilité.”
En effet, comme l’explique le Vrai du Faux de France Info, le risque de cancer du sein est de 11 % chez les femmes en général. Ainsi, même en prenant le pourcentage le plus haut de l'étude, de 30 %, "cela signifierait que la pilule fait passer le risque de contracter un cancer du sein à 14 %”. La hausse existe, mais elle reste faible comparativement aux autres facteurs.
Pour ce qui est de la seule pilule combinée, le Vidal cite une étude selon laquelle "le risque de cancer du sein est surtout accru pour les utilisatrices récentes (donc les femmes les plus jeunes)". Tout en rassurant : "après dix ans d’arrêt de son utilisation, ce risque rejoint le risque normal de survenue d’un cancer du sein chez les femmes n’ayant jamais pris de pilule”. D’autre part, toujours selon cette étude, les contraceptifs oraux estroprogestatifs pourraient aussi augmenter le risque de cancer du col de l’utérus et du foie. En revanche, "ils réduisent de moitié la survenue de cancers de l’ovaire et de l’endomètre”.