Infectiologie
Covid-19 : que sait-on de la nouvelle souche du virus en Angleterre ?
Plus virulente pour certains, objet d'une alerte britannique en tout cas, cette nouvelle souche du SARS-CoV-2 a été détectée en septembre dans le sud-est de l’Angleterre et aurait déjà contaminé plus d’un millier de personnes.
- peterschreiber.media/iStock
"C'est avec le cœur lourd que je dois vous dire que nous ne pouvons pas laisser Noël se dérouler comme prévu." Moins d’une semaine avant le réveillon de Noël, le verdict est tombé : les Londoniens et habitants du sud-est de l’Angleterre ne pourront pas passer les fêtes en famille. Dès ce lundi 20 décembre, un nouveau confinement est prévu pour le sud du pays, a annoncé lors d’une conférence de presse le Premier ministre Boris Johnson.
En cause : la circulation active d’une variante du SARS-CoV-2 qui, selon des études très préliminaire, pourrait se transmettre "jusqu’à 70 % de plus" et aurait déjà contaminé plus d’un millier de personnes outre-Manche. Cependant, a précisé Boris Johnson, "rien n’indique qu’il est plus mortel ou qu’il cause une forme plus sévère de la maladie", ni même qu’il réduit l’efficacité des vaccins. Rien ne contredit non plus la possibilité d'un déconfinement raté.
Quelle est cette nouvelle variante du virus ?
Apparue mi-septembre à Londres et dans le Kent, dans le sud-est du pays, cette nouvelle variante du SARS-CoV-2 contient un nouvel ensemble 23 mutations. Un "nombre inhabituellement grand" dont beaucoup sont "associées aux changements dans les protéines que le virus fabrique", a détaillé samedi 19 décembre le conseiller scientifique du gouvernement Patrick Vallance. Ces changements interviennent notamment dans la protéine Spike (délétion 69-70, délétion 144, N501Y, A570D, D614G, P681H, T716I, S982A, D1118H), avec laquelle le virus s'attache aux cellules respiratoires avant d'y entrer pour se multiplier, mais aussi sur d'autres régions génomiques.
Si de nombreuses variations du virus ont été observées ces derniers mois, celle-ci fait l’objet d’une surveillance rapprochée de la part des autorités sanitaires. "Cette variante a un peu plus de mutations que la plupart des autres variantes", a notamment fait savoir samedi dans un communiqué le médecin-chef britannique Chris Whitty.
Cette variante est-elle répandue ?
Selon les premiers chiffres de l'agence Public Health England (PHE), rattachée au ministère de la Santé britannique, cette variante du nouveau coronavirus a été observée chez plus de 1 000 malades, principalement dans l’est et le sud du pays.
Les mutations de virus ne sont pas rares, et les responsables britanniques ont déclaré que cette variante avait été détectée dans une poignée d'autres pays. A l’heure actuelle, cette nouvelle souche serait à l’origine de 62% des contaminations enregistrées à Londres, de 43% dans le sud-est de l'Angleterre et de 59% dans l'est du pays.
La variante est-elle plus dangereuse ?
Il n'est pour le moment pas certain qu’elle se transmet plus facilement et rapidement que les précédentes souches car il n'y a pas unanimité chez les scientifiques et il faut encore quelques études. L'estimation d'une plus grande transmissibilité est basée sur une modélisation et n'a pas été confirmée par des expériences en laboratoire. On ne peut donc pas totalement exclure le fait que ces données de transmissibilité puissent être liées à des comportements humains (réouverture prématurée des pub et des restaurants par exemple).
Mais, a tenu à rassurer Chris Whitty, "rien n’indique pour le moment que cette nouvelle souche cause un taux de mortalité plus élevé" même si "des travaux urgents sont en cours pour le déterminer". Par ailleurs, rien n’indique non plus que "les symptômes soient différents, que les tests soient différents ou que le résultat clinique soit différent pour cette variante", a précisé le médecin-chef qui s’est dit ne pas "être stressé à ce stade".
La nouvelle souche est-elle résistante aux vaccins ?
Les vaccins ciblent particulièrement la protéine Spike, qui permet au SARS-CoV-2 de s'attacher au récepteur ACE2 à la surface de la membrane des cellules respiratoires, puis de pénétrer à l’intérieur des cellules mais les vaccins ciblent plusieurs régions de la protéine Spike, justement pour éviter d'être mis en échec d'une petite variation.
Pour l’heure, il n’existe donc aucune preuve que cette nouvelle variante rende les vaccins moins efficaces ou qu’elle impacte la gravité des symptômes, précise sur son site le consortium scientifique britannique Covid-19 Genomics UK (COG-UK). Des recherches sont cependant nécessaires pour le confirmer.
L'agence européenne des maladies a déclaré suivre de près cette nouvelle variante du virus, de même que les gouvernements européens qui ont interrompu leurs liaisons aériennes, ferrovières et maritimes avec la Grande-Bretagne.











