Infectiologie
Coronavirus : difficulté de connaître rapidement le nombre de morts exact
Santé publique France explique dans un rapport pourquoi il est difficile de connaître rapidement et précisément le nombre de décès dus au coronavirus.
- Tomas Ragina/iStock
La surveillance des décès utilise différentes sources de données en France, certaines pré-existantes à la pandémie et d’autres mises en place spécifiquement pour disposer de données sur la mortalité liée à la Covid-19.
Santé publique France estime que l’excès de mortalité en lien avec l’épidémie de Covid-19 se situe actuellement entre 25 000 (estimés à partir des données d’état civil de l’Insee) et 30 000 (estimés à partir des données SI- VIC et EHPAD/EMS) au sein de l’Hexagone, soit un excès de pertes de 16,6%.
L'analyse détaillée relève une hétérogénéité
Parmi les 25 030 décès en excès toutes causes confondues, 23 400 personnes décédées étaient âgées de 65 ans ou plus (soit plus de 93% des décès en excès, +18,2% par rapport à la mortalité attendue dans cette classe d’âges) et 1 510 personnes étaient âgées de 15-64 ans (+7% par rapport à la mortalité attendue dans cette classe d’âges).
Dans cette dernière classe d’âges, ce sont les personnes de 45-64 ans qui ont été majoritairement touchées. Inversement, la mortalité chez les enfants de moins de 15 ans a diminué de 14% sur la période au niveau national.
L’excès de décès estimé au niveau national masque de fortes disparités régionales. L’Ile-de-France est la région qui a été la plus impactée (+64% par rapport à la mortalité attendue), suivie du Grand-Est (+37%) et en particulier les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France ont également un excès de décès majeur (entre +15% et +20% par rapport à la mortalité attendue).
Plusieurs conséquences
Malgré ces chiffres, l’agence de santé note dans son nouveau rapport : “Le nombre de décès directement associés à l’épidémie de Covid-19 ne peut être déterminé précisément à cette étape, en l’absence des données exhaustives incluant les causes médicales de décès.”
En effet, la crise sanitaire du coronavirus n’a pas seulement eu des répercussions sur le nombre de morts en France, mais plusieurs conséquences simultanées. On peut ainsi lister :
. Une hausse de la mortalité directement associée à l’épidémie.
. Une hausse de la mortalité associée au contexte de l’épidémie, par exemple consécutive à des retards de prise en charge, aux difficultés de se déplacer, au contexte anxiogène de l’épidémie ou à l’isolement de personnes fragiles et âgées.
. Une baisse de la mortalité due aux mesures de gestion de l’épidémie, en particulier au confinement de la population, qui a entraîné une réduction du nombre de décès associés aux déplacements, à certaines activités professionnelles, à la pollution atmosphérique…
. Une baisse de la mortalité dans les jours qui suivent la période de surmortalité, correspondant à un effet “moisson", régulièrement décrit dans les suites des épisodes de canicule.
La Covid-19 aurait ainsi anticipé le décès des personnes les plus fragiles.
Certification électronique des décès
Le principal problème en France, en dehors de la multiplicité des sources, est que les certificats de décès retent encore très souvent manuscrits, ce qui impose un dépouillement manuel dans de nombreux cas. Pour remédier à ce problème statistique, l’agence de santé publique propose de généraliser l’utilisation de la certification électronique des décès sur l’ensemble du territoire.
“La certification électronique des décès permettrait de disposer d’une source unique et pérenne pour la surveillance réactive de la mortalité, quelle que soit la nature de la menace sanitaire (d’origine infectieuse, environnementale, bioterrorisme, accident industriel majeur...) et le lieu de survenue des décès (domicile, Ehpad, établissement hospitalier…)", conclut Santé publique France. Rappelons que cela avait déjà été proposé à la suite de la cannicule de 2003... où il avait fallu attendre 2 ans pour avoir les chiffres définitifs.











