Hématologie

Lymphome : les effets neurologiques des CAR-T cells mieux compris

L’immunothérapie à base de CAR-T cells est en train de révolutionner le traitement des formes sévères de lymphomes et d'autres cancers avec cependant des risques d'effet indésirables graves. Parmi ceux-ci, les effets neurotoxiques sont désormais mieux compris.

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  • 16 Mai 2019
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    En juin dernier, l’association américaine de cancérologie ASCO en parlait comme de "la découverte de l’année". Depuis arrivée en France, l’immunothérapie à base de lymphocytes T du récepteur antigénique chimérique (CAR-T cells, d’après son acronyme anglais) s’est avérée très efficace pour lutter contre les formes les plus sévères et agressives de cancers, comme la leucémie ou le lymphome.

    Toutefois, malgré ces succès thérapeutiques indéniables, cette intervention comporte le risque d’effets secondaires comme une neurotoxicité fréquente et mal expliquée. Une nouvelle étude menée par le Brigham and Women’s Hospital de Boston, aux États-Unis, et publiée dans la revue Brain, précise la fréquence de ces troubles et les rattache à un dysfonctionnement fonctionnel induit de certaines zones du cerveau, invisible en IRM standard.

    Comprendre les effets neurologiques des CAR-T cells

    La thérapie CAR-T consiste à prélever des lymphocytes T dans le sang du patient et à les modifier en laboratoire, afin de les doter d’un récepteur spécifique qui reconnaît et permet d'attaquer très puissamment les cellules exprimant l’antigène cible. Le nombre de lymphocytes T ainsi "reprogrammés" est ensuite multiplié en laboratoire, puis les cellules modifiées sont réinjectées au patient.

    Problème : ces cellules "reprogrammées" entraînent des effets secondaires graves chez les patients, parmi lesquels des maux de tête, de la confusion et des bouffées délirantes. Jusqu’ici, ces effets secondaires étaient mal compris et mal caractérisés. L’équipe du Brigham and Women's Hospital a donc décidé de cataloguer les symptômes neurologiques rencontrés par les patients ayant reçu le traitement à base de CAR-T cells.

    7 malades sur 10 concernés

    Pour définir les symptômes cliniques de la neurotoxicité associée aux CAR-T cells, l'équipe a mené une étude d'observation auprès de 100 patients atteints de lymphome traités par cette technique entre 2015 et 2018. Elle a ensuite évalué les symptômes depuis le début de la perfusion des lymphocytes T jusqu'à deux mois après la perfusion.

    Leurs résultats ont révélé la prévalence généralisée des symptômes neurologiques après le début du traitement par CAR-T : 77% des patients avaient éprouvé au moins un des symptômes. Le symptôme le plus fréquent est l'encéphalopathie, avec une confusion, mais d'autres symptômes tels que des maux de tête, des tremblements, une faiblesse et une dysfonction du langage ont également été observés. Les chercheurs ont cependant noté que la plupart de ces symptômes étaient réversibles et finissaient par disparaître dans la majorité des cas.

    Des zones d'inactivité dans le cerveau

    De plus, les chercheurs ont observé un modèle unique d'activité, ou d'inactivité, dans leur étude avec la TEP ou l'EEG. Les déficits neurologiques associés au traitement provenaient souvent de régions qui semblaient silencieuses sur le plan métabolique. Cette constatation a d'importantes répercussions sur l'évaluation clinique de la neurotoxicité et l'utilisation de l'imagerie.

    "Malgré l'apparition fréquente de symptômes neurologiques, les études d'imagerie telles que l'IRM, qui constituent la pierre angulaire du diagnostic neurologique, étaient presque toujours normales", constate Daniel Rubin, chercheur au Département de neurologie du Brigham et auteur principal de l’étude. "En revanche, les études diagnostiques qui évaluent plus directement le fonctionnement neuronal, comme l'EEG et la TEP, pourraient détecter et prédire de façon fiable le dysfonctionnement neurologique."

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